Un journaliste irano-canadien surnommé le «père du blogue iranien», qui purgeait une peine de 19 ans de prison pour avoir fait un voyage en Israël, a été gracié et libéré, ont rapporté jeudi les médias iraniens.

À l'origine du développement du blogue en Iran dans les années 2000, Hossein Derakhshan s'était rendu en 2006 et 2007 avec son passeport canadien en Israël, l'ennemi juré de la République islamique. Il avait ensuite décrit son voyage dans des chroniques postées sur ses blogues en anglais et persan, expliquant qu'il cherchait à montrer aux Israéliens et aux Iraniens une image différente de chaque pays.

Il avait été arrêté en novembre 2008 à son retour en Iran, les autorités interdisant aux Iraniens de se rendre en Israël et ne reconnaissant pas la double nationalité.

Lors de son procès en septembre 2010, il avait été notamment reconnu coupable d'avoir collaboré avec «des États ennemis» et de «propagande contre le système islamique».

Sa condamnation avait provoqué une vague d'indignation en Occident. L'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé «une affaire montée de toute pièce» par une partie du régime qui souhaitait faire du blogueur «un exemple».

Selon l'agence Mehr, qui cite un message de M. Derakhshan posté sur des réseaux sociaux, le blogueur âgé de 39 ans était retourné mardi à la prison d'Evine, dans le nord de Téhéran, après une permission de quinze jours.

Et après avoir passé 24 heures à l'isolement, les autorités lui ont annoncé mercredi soir qu'il avait été gracié pour le reste de sa peine par une décision du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei.

La libération de M. Derakhshan intervient alors que l'Iran négocie avec les grandes puissances à Vienne un accord historique sur son programme nucléaire qui mettrait fin à plus de dix ans de crise diplomatique internationale.

Plusieurs figures de la société civile ou de l'opposition emprisonnées après les manifestations contre la réélection controversée de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009 ont été libérées depuis un an dans un geste d'ouverture de son successeur Hassan Rohani.

L'avocate des droits de l'Homme Nasrin Sotoudeh, emprisonnée depuis 2010, avait été libérée en septembre 2013, peu avant une visite du président modéré à l'Assemblée générale de l'ONU, où les négociations nucléaires avaient été officiellement relancées.