Plus de sept ans après le décès de Robert Dziekanski, mort après avoir reçu des décharges de Taser administrées par des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à l'aéroport de Vancouver en octobre 2007, l'utilisation du pistolet à impulsion électrique a diminué de près de 40 % au sein de ce corps policier, a appris La Presse.

Cette donnée comprend les cas où l'arme est brandie comme menace et les occasions où une décharge est envoyée. Si l'on tient compte uniquement des cas où une décharge est envoyée, la baisse est de 60 % depuis 2008. Ainsi, entre 2008 et 2013, le nombre de personnes qui ont reçu une décharge est passé de 549 à 216 par année, selon des documents obtenus en partie grâce à la Loi sur l'accès à l'information, puisque la GRC n'a pas publié de données à ce sujet depuis 2010.

Par rapport à l'ensemble des interventions de la GRC, seules 0,008 % se sont soldées par l'utilisation du Taser, une proportion qui a également chuté de plus de la moitié depuis 2008.

Après la mort de M. Dziekanski, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale avait jugé que l'utilisation du Taser était mal encadrée. La politique d'utilisation du Taser de la GRC a depuis été révisée. Depuis 2010, on n'y recourt que si la personne inflige des blessures physiques à une autre personne ou lorsqu'elle est sur le point de le faire.

Malgré cette diminution, les dérapages surviennent encore. Selon des données obtenues par une demande d'accès à l'information, la GRC a payé au moins 454 000 $ en 10 ans pour des ententes conclues avec des personnes victimes de l'utilisation de l'arme. On ne connaît pas les circonstances de ces interventions, puisque la GRC a refusé de commenter ce sujet.

Taser et maladie mentale

Dans de nombreuses interventions où le Taser est utilisé, soit 43,9 %, la personne ciblée semblait «émotionnellement instable», a affirmé à La Presse le sergent Greg Cox, porte-parole de la GRC.

Le Dr Olivier Farmer, psychiatre à l'hôpital Notre-Dame du CHUM, affirme que la meilleure intervention avec des personnes instables ou qui souffrent de troubles mentaux est la négociation verbale.

«Mais si on a une personne qui a une arme dans les mains et qui menace un passant, un Taser, c'est mieux qu'une balle. Mais ça reste brutal comme façon de gérer une agitation, c'est clair», poursuit-il.

La GRC a d'ailleurs revu sa formation sur l'utilisation de la force pour accorder plus d'importance à la communication et aux techniques afin de désamorcer des situations tendues ou d'en éviter l'escalade, a souligné le sergent Cox.

Le Dr Farmer croit également qu'il faudrait développer la recherche en vue d'une arme intermédiaire qui serait moins brutale.

Avec William Leclerc