Le suicide d'un constable spécial du palais de justice de Montréal, en septembre dernier, a fini par déclencher une enquête interne, en raison d'allégations de harcèlement de travail. Le Syndicat des constables spéciaux veut aller plus loin et demande une enquête indépendante. «On veut une enquête d'un autre corps de police. On ne veut pas que ce soit une enquête du ministère de la Sécurité publique ni de la Sûreté du Québec. À cause des liens avec le Ministère», a indiqué Serge Lefrançois, président du Syndicat des constables spéciaux du gouvernement du Québec.

Pierre Chauvette, 56 ans, a mis fin à ses jours dans son logement de l'est de Montréal, le 9 septembre dernier. Il aurait laissé des documents qui pourraient expliquer, du moins en partie, son geste. L'homme se sentait apparemment harcelé dans son milieu de travail. Il se plaignait d'un officier en particulier.

Une lettre

Un huissier-audiencier qui considérait M. Chauvette comme son grand ami au palais de justice se souvient que le constable lui a montré une lettre qu'il avait reçue, vers la fin de l'été. «C'était une lettre de la direction l'avisant que s'il n'améliorait pas son rendement, il serait congédié», a indiqué cet huissier, qui préfère garder l'anonymat. M. Chauvette en était affecté, d'autant plus qu'il «avait été félicité toute la semaine par le juge qui siégeait dans la salle d'audience où il se trouvait», selon cet huissier.





M. Chauvette, grand gaillard affable et «positif», selon certains, mais «déprimé» selon d'autres, avait des ennuis de santé depuis quelques années. Il avait notamment des problèmes à un genou. Il avait été réaffecté à d'autres tâches pendant un certain temps. Il se plaignait de ne pas être cru quand il était malade. M. Chauvette était divorcé et sans enfants. Il cherchait l'âme soeur. Religieux, il fréquentait une église baptiste. Au cours des dernières années, son moral avait baissé, selon des employés du palais qui le côtoyaient.

«On voyait qu'il ne feelait pas, mais jamais j'aurais pensé qu'il aurait fait ça», a fait valoir l'huissier.

Rencontre

Le suicide du constable spécial était un fait connu au palais de justice, et les allégations de harcèlement étaient chuchotées en coulisse. L'affaire a été dévoilée pour la première fois au 98,5, le 25 octobre, à l'émission de Paul Arcand, qui est revenu sur le sujet par la suite. L'affaire a fait boule de neige.

Hier matin, les constables spéciaux du palais de justice de Montréal ont été rencontrés par une directrice du ministère de la Sécurité publique. Ils ont eu la consigne de dénoncer s'ils constataient du harcèlement, de laisser les enquêteurs faire leur travail et de ne pas parler aux médias. Clément Falardeau, relationniste au ministère de la Sécurité publique, ne pouvait pas donner d'informations sur l'officier visé. Il a indiqué que tout ce qu'il pouvait dire pour le moment, c'est qu'une enquête du coroner et une enquête interne étaient en cours.