Des accusations criminelles viennent d'être déposées à l'endroit d'un gynécologue montréalais en disgrâce qui a travaillé 45 ans dans le système québécois et qui aurait agressé sexuellement des patientes pendant ses consultations médicales.

Kamal Maraghi, 75 ans, est accusé d'agressions sexuelles sur trois personnes, selon un mandat déposé au palais de justice de Montréal. C'est la police de Montréal qui a enquêté sur les événements, qui seraient survenus en 1990, 2006 et 2008.

Aucun détail n'a filtré pour l'instant en ce qui concerne l'événement de 1990. Mais ceux de 2006 et 2008 ont été abondamment exposés lors d'audiences disciplinaires du Collège des médecins.

EXAMENS DÉSAGRÉABLES

En juin dernier, le résidant de Mont-Royal a été reconnu coupable par le conseil de discipline d'inconduite sexuelle contre des patientes. Il profitait des rendez-vous médicaux pour agresser sexuellement de jeunes femmes. Celles-ci avaient décrit dans leurs témoignages des examens perturbants et particulièrement désagréables.

« Sur une longue période de temps, trois femmes qui ne se connaissent pas et qui n'ont pas discuté entre elles de leurs expériences relatent des faits qui sont similaires sur les éléments essentiels des gestes reprochés à l'intimé : absence de jaquette, touchers et stimulation au niveau du clitoris, mouvements de va-et-vient dans le vagin et propos et questions intimes et désobligeants pendant l'examen. »

Après avoir été reconnu coupable des infractions disciplinaires, le médecin a renoncé à son statut professionnel et à son droit de pratique, le 1er juillet dernier. Des plaidoiries doivent avoir lieu en janvier au sujet d'une amende que le comité de discipline pourrait lui imposer.

Pour ce qui est des accusations criminelles, il demeure en liberté et devra s'engager à comparaître devant un tribunal à une date ultérieure.

TRÈS CRITIQUE DU SYSTÈME

Le Dr Maraghi, qui a été admis comme obstétricien-gynécologue en 1972, a exercé au fil des ans au centre hospitalier de St. Mary, à la clinique Métro-Médic et à la Polyclinique Masson.

En 2012, il avait publié une lettre ouverte dans laquelle il demandait une compensation financière spéciale pour les médecins âgés, qui avaient commencé leur pratique avant l'amélioration des conditions de rémunération dont jouit aujourd'hui la profession médicale.

Il critiquait durement le système de santé québécois dans lequel les médecins perdent leur autonomie, selon lui.

« Le médecin québécois pratique dans un cadre législatif contraignant, avec des obligations administratives étourdissantes, des négociations tarifaires ad nauseam, et tout cela, à l'intérieur d'une enveloppe budgétaire stricte. Avec une telle camisole de force, il est utopique de parler d'autonomie », écrivait-il.