L'homme atteint de plusieurs projectiles dans l'entrée de sa résidence, en fin d'après-midi, sur la rue Paul-Émile Lamarche, dans le quartier Rivière-des-Prairies à Montréal, est Nino De Bartolomeis, alias Nino Brown, un individu de 44 ans lié à la mafia et au crime organisé, a appris La Presse.

On ne connaît pas les circonstances exactes de l'attentat, mais, mardi matin, on ne craignait plus pour sa vie.

Lundi, vers 16h45, des appels ont été faits au 911 pour un homme en détresse dans une résidence. À leur arrivée sur les lieux, les policiers ont constaté que la porte était ouverte et découvert l'homme en détresse, qui était conscient et ensanglanté. La victime a été transportée à l'hôpital. Selon nos informations, de huit à neuf coups de feu auraient été tirés.

Un homme marqué

La liste des mobiles expliquant cette tentative de meurtre risque d'être longue pour les enquêteurs de la police de Montréal.

La tentative de meurtre pourrait aussi bien être reliée à des disputes apparues au sein de la mafia avant l'opération Magot-Mastiff de novembre dernier, à des assassinats commis dans le milieu de la mafia ces derniers mois ou à une affaire d'argent.

Selon nos informations, Nino De Bartolomeis aurait d'importantes dettes, s'élevant peut être même à plusieurs centaines de milliers de dollars. Il serait un homme marqué; plusieurs personnes liées aux motards ou à la mafia auraient des raisons de lui en vouloir depuis les dernières années. D'après des sources, De Bartolomeis aurait été avisé par les policiers que sa vie était en danger il y a quelques mois à peine. L'automne dernier, toujours selon nos sources, un individu aurait tiré un coup de fusil dans un bar qu'il contrôle, dans le nord est de Montréal et De Bartolomeis aurait été victime d'une tentative de meurtre l'été dernier et une autre à l'automne 2013.

Durant un certain temps, assez récemment, De Bartolomeis aurait été lié d'après des sources à Sergio Piccirilli, un individu lié à la mafia et aux motards qui s'était retrouvé au centre d'un conflit qui avait failli dégénérer en guerre ouverte entre les clans D'Amico et Rizzuto durant l'enquête Colisée, en 2005-2006. Piccirilli, alias Grizzly, dont la vie aurait également été menacée dernièrement, est en attente d'une sentence pour une affaire de gangstérisme, de trafic de stupéfiants et de possession d'armes à Laval.

En 2008, De Bartolomeis avait été enlevé pour une affaire de dette par un groupe d'individus, dont Salvatore Scoppa et Dany De Gregorio, l'un de ses anciens associés, lui même victime d'une tentative de meurtre en juin 2009. Mais De Bartolomeis, qui avait passé toute une nuit attaché à une chaise, avait brûlé ses liens et volé une arme de ses ravisseurs avant de s'échapper. Le procès de plusieurs des suspects dans cette affaire avait fini en queue de poisson, De Bartolomeis se montrant peu collaborateur avec la justice.

Même si son nom circule dans plusieurs enquêtes de la police, y compris l'enquête Colisée menée durant les années 2000, De Bartolomeis a peu d'antécédents criminels. Il a notamment été condamné à quelques mois de prison pour une affaire de possession d'arme datant de 2007 et à une peine de 18 mois avec sursis pour une affaire de complot enquêtée par la GRC de l'Ontario en 2001.

L'attentat contre De Bartolomeis est le 3ème événement sanglant à survenir au sein de la mafia depuis l'automne dernier, après les meurtre de l'aspirant parrain Lorenzo Giordano, tué à Laval le premier mars et de Marco Campellone, commis en septembre 2015. Ces trois attentats impliquent des individus qui étaient ou sont établis dans le quartier Rivière-des-Prairies.