Le Conseil canadien de la magistrature a annoncé qu'un comité d'examen se pencherait sur le cas du juge Robin Camp, qui avait demandé à une femme se disant victime d'agression sexuelle pourquoi elle n'avait pas su «serrer ses genoux».

Le comité sera formé des trois membres du conseil, d'un juge et d'un membre du public.

Il sera responsable de «déterminer si un comité d'enquête publique devrait être constitué», a fait savoir le conseil par voie de communiqué.

Le juge Camp, qui siégeait à une cour provinciale de l'Alberta en 2014, avait acquitté un homme accusé d'agression sexuelle sur une femme de 19 ans. Il estimait que la version des événements de l'accusé était plus crédible.

Trois professeurs de droit avaient déposé une plainte contre le juge, arguant qu'il avait levé le nez sur la loi et que son comportement auprès de la victime était consternant.

Selon une transcription de l'audience, le juge avait remis en question le sens moral de la jeune femme, suggérant qu'elle s'était faiblement défendue contre son agresseur présumé. Il la décrivait également comme étant «l'accusée» tout le long du procès.

Lorsqu'il a acquitté l'homme, le juge Camp lui a dit que tous les hommes devaient être plus doux et plus prudents avec les femmes, et qu'il devrait avertir ses amis pour qu'ils «se protègent» et pour ne pas qu'ils se retrouvent dans le pétrin.

La Cour fédérale a ordonné au juge de ne plus traiter des cas de nature sexuelle en attendant l'examen du comité.

«Le juge en chef (J. Michael) MacDonald (juge en chef de la Nouvelle-Écosse et président du Comité sur la conduite des juges) a déterminé qu'à première vue les allégations concernant la conduite du juge Camp, si prouvées, pourraient porter si manifestement atteinte aux notions d'impartialité, d'intégrité et d'indépendance des juges que la confiance du public serait suffisamment ébranlée pour rendre le juge incapable de l'exécution de ses fonctions judiciaire», a écrit le Conseil canadien de la magistrature.

C'est le juge MacDonald qui a choisi de renvoyer l'affaire devant un comité d'examen.

Robin Camp avait diffusé un communiqué lorsque le conseil avait annoncé en novembre qu'il entendrait la plainte. Il s'était excusé à la jeune femme et à toutes les femmes qui hésiteraient avant de porter plainte pour des agressions sexuelles.

«Je reconnais que les choses que j'ai dites et l'attitude que j'ai affichée lors du procès, et dans ma décision, ont causé des torts profonds et significatifs à plusieurs personnes», a-t-il déclaré.