Maxence Valade, cet étudiant qui a perdu l'usage de l'oeil gauche lors d'une manifestation, à Victoriaville, en 2012, réclame 255 000 $ en dommages au Procureur général du Québec. La manifestation, qui se tenait devant l'hôtel où était organisé le congrès du Parti libéral, avait viré à l'émeute.

M. Valade, étudiant en sociologie, et «assistant chercheur au Collectif d'analyse en financiarisation du capitalisme avancé», impute la faute de ce qui lui est arrivé, à «au moins deux policiers» de la Sûreté du Québec. À commencer par celui qui a arrêté un manifestant, alors qu'il était seul.

«Le policier devait savoir qu'il mettrait ses collègues dans une situation fâcheuse, puisque ceux-ci seraient pris par surprise et amenés à réagir à une situation urgente de manière improvisée», lit-on dans cette poursuite, pilotée par l'avocat Julius Grey.

En voyant l'intervention du policier, qu'il trouvait «inattendue, violente, et sans motif apparent», M. Valade s'est approché. C'est à ce moment, raconte-t-il, qu'il a reçu un projectile à l'arcade sourcilière gauche, soit une balle de plastique. Il a perdu connaissance. 

Quand il est revenu à lui, il ne pouvait voir ni entendre. Il a été déplacé, dit-il, parce que les policiers poursuivaient leurs charges et leurs tirs de gaz lacrymogène. Des bâtons cinétiques ont aussi été lancés en direction de trois manifestants, selon les vidéos qu'il a visionnées depuis.

M. Valade a subi d'importantes blessures, qui affectent sa vie de façon permanente, incluant l'éviscération de son oeil gauche. Il porte une prothèse. Il garde des cicatrices des interventions, et a encore des douleurs, bien que celles-ci se soient atténuées avec le temps. 

Autres reproches

Outre, l'intervention du policier solitaire, M. Valade reproche aux policiers équipés de fusils ARWEN d'avoir tiré dans la foule à hauteur de la tête. Il trouve aussi que l'utilisation du type d'arme et des projectiles n'était pas justifiée dans le contexte de manifestations.

Il réclame 150 000 $ pour la perte de vision, 75 000 $ en souffrances et perte de jouissance de la vie, 25 000 $ en dommages punitifs parce qu'il estime que ses droits fondamentaux ont été bafoués, et 3600 $ pour l'entretien de sa prothèse (60 $ par année, pendant 60 ans.)