Jean-Michel Legault a agi avec beaucoup de méthode lors du meurtre de Jeff Francis Muzzin, en avril 2012, et après son arrestation, il a donné des aveux précis. Le blackout qu'il invoque maintenant ne tient pas la route.

C'est ce que le procureur de la Couronne Jacques Dagenais a fait valoir, hier, quand il a plaidé devant le jury chargé de juger Legault. L'homme de 27 ans est accusé du meurtre prémédité de Jeff Francis Muzzin, 25 ans, tué de 34 coups de couteau, vers 18 h 45, le 17 avril 2012, dans la cour à bois de Cabanon Fortin, à L'Île-Bizard. Les caméras de surveillance ont filmé une grande partie des événements et démontrent que c'est le jeune Legault, employé à la pépinière, qui en est l'auteur. Après avoir lavé le sang avec le boyau d'arrosage, il a chargé le corps dans le coffre de la voiture de la victime et est allé la stationner dans un quartier résidentiel. Le cadavre a été découvert cinq jours plus tard.

Me Dagenais convient que le jeune Legault a de « belles qualités », qu'il n'a pas eu la vie facile et qu'il est orphelin. « Il a une bonne tête, il n'a pas l'air d'un tueur, mais il est manipulateur », a plaidé le procureur, en rappelant qu'après avoir tué Muzzin, il lui a envoyé deux textos pour faire croire qu'ils ne s'étaient pas vus de la soirée : « T'es où, j'attends encore », et « Hello », un peu plus tard.

« C'est retors, calculateur », a dit Me Dagenais.

Le procureur suggère que le mobile du crime était l'argent. Legault travaillait, mais son salaire ne lui suffisait pas. Il avait quelques dettes. Outre son travail, il vendait de la drogue. Il a tendu un piège à Muzzin, en lui faisant croire qu'il lui vendrait « 6 livres de mari à 1250 $ chaque ». Muzzin est venu comme convenu au rendez-vous, et il a été tué et volé. Les deux hommes se connaissaient depuis une dizaine d'années et faisaient des transactions ensemble.

PAS PRÉMÉDITÉ

La défense remet en cause la préméditation dans cette affaire. Après son arrestation, le 24 avril 2012, Legault a avoué qu'il avait planifié de tuer et voler Muzzin avant de passer à l'acte. Le moment de la préméditation variait dans sa déclaration, cependant.

Lors de son témoignage, la semaine dernière, le jeune Legault a soutenu qu'au moment de l'interrogatoire, il avait dit ce que le policier voulait entendre, afin d'en finir. Aujourd'hui, il invoque un blackout qui fait en sorte qu'il ne se rappelle plus beaucoup des événements.

« Beaucoup de gens ont des trous de mémoire, tout le monde n'a pas pris de notes », a plaidé son avocate, Me Catherine Ranalli, en donnant le nom de quelques témoins en exemples. « Pourquoi M. Legault devrait-il avoir une meilleure mémoire les événements ? »

Me Ranalli a parlé d'éléments qui, selon elle, vont à l'encontre de la préméditation. Elle a conclu en demandant au jury d'acquitter son client de l'accusation de meurtre prémédité.

La juge Éliane Perreault donnera ses directives au jury plus tard cette semaine, et le jury entreprendra ensuite ses délibérations.