La GRC soupçonne la députée fédérale de Montcalm, Manon Perrault, d'avoir fraudé les contribuables en réclamant le remboursement de dépenses qu'elle n'a jamais engagées. C'est ce qu'on peut lire dans un document judiciaire obtenu par le Globe and Mail hier et consulté par La Presse.

Cette dénonciation en vue d'obtenir un mandat de perquisition, datée du 23 septembre, donne plus de détails sur l'opération qui a eu lieu dans les jours suivants à son bureau de circonscription au nord de Montréal et au parlement pour saisir des réclamations de dépenses et des renseignements sur les entrées et sorties à la Chambre des communes.

Pour mener son enquête, la GRC a aussi obtenu l'autorisation judiciaire de vérifier les appels entrants et sortants de la députée et de son frère, ainsi que des relevés de transactions bancaires.

Manon Perrault a été élue en 2011 à la faveur de la vague orange. Elle a été suspendue du caucus du NPD en juin lorsque des accusations de méfait public ont été déposées contre elle dans une autre affaire, où elle aurait faussement accusé une adjointe de vol.

Aucune accusation n'a été déposée dans le cadre de cette nouvelle enquête sur ses dépenses et Mme Perreault a nié toute culpabilité. «Je peux vous dire que ça ne m'inquiète pas parce que je sais que ce ne sera pas de gros montants et je sais que ç'a été fait vraiment par erreur», a-t-elle déclaré au cours d'un entretien avec La Presse.

Faux voyages

La GRC donne une autre version des faits. Le document d'une vingtaine de pages présenté à un juge de paix en Ontario décrit plusieurs réclamations douteuses, dont environ 1000$ réclamés par Mme Perreault en indemnités journalières (per diem) pour trois voyages entre sa circonscription et Ottawa qui n'auraient pas eu lieu.

Deux de ces voyages, des allers-retours d'une journée vers la capitale nationale pendant les vacances de Pâques en 2012, auraient été faits pour «vérifier courriels + boîte vocale (etc.)».

L'enquêteur Pierre Breton s'est dit surpris qu'elle «réclame 658,44$ pour aller consulter des courriels et prendre des messages vocaux, sachant qu'il est possible d'effectuer ces tâches à distance». Selon lui, «Manon Perreault réclame des dépenses de déplacement à Ottawa, alors qu'elle n'y est pas allée», a ajouté le policier.

La GRC fait aussi état d'indemnités journalières réclamées par le frère de la députée, Marc Perreault, pour l'avoir accompagnée à Ottawa pendant environ cinq jours alors que ses communications téléphoniques suggèrent qu'il était plutôt près de chez lui, à Laval et Mascouche.

Mme Perreault se déplace en fauteuil roulant et a obtenu l'autorisation spéciale de la Chambre des communes d'embaucher son frère comme accompagnateur. Il reçoit un salaire d'environ 55 000$ par année.

Selon une ancienne employée de Mme Perreault, qui a parlé aux enquêteurs, cet accompagnateur «n'était pas souvent dans l'entourage de Manon Perreault. [...] Il y était entre 30 et 50% du temps».

Son frère serait impliqué

L'enquêteur Pierre Breton a écrit qu'il avait des «motifs raisonnables de croire» que Manon Perreault et son frère ont, respectivement, «préparé des réclamations de dépenses frauduleuses» et «reçu des paiements pour des réclamations de dépenses non encourues». Des infractions de «fraude envers le gouvernement» et d'«abus de confiance par un fonctionnaire public» pourraient être en cause.

Mme Perreault doit être traduite en justice dans le dossier de méfait public la semaine prochaine. Elle a reconnu hier que la relation orageuse qu'elle a entretenue avec certaines de ses anciennes employées pourrait avoir un lien avec l'enquête policière en cours.