Un «fugitif international» arrêté à Saint-Jérôme l'an dernier à la demande de la Belgique s'est volatilisé dans la nature après qu'un juge québécois a autorisé sa mise en liberté pour la durée du processus d'extradition, a appris La Presse.

Les autorités canadiennes devront maintenant expliquer à leurs vis-à-vis belges comment ils ont pu perdre la trace du suspect, qui était connu pour avoir déjà tenté de fuir la justice.

Francis Weitz, marchand de diamants israélien de 60 ans, faisait jusqu'à l'an dernier l'objet d'une alerte à tous les pays membres d'Interpol, parce que la Belgique réclamait sa capture.

Un juge d'instruction belge prétendait en effet que Weitz, ancien président de la Fédération sioniste de Belgique, avait fraudé plusieurs acteurs de l'industrie diamantaire à Anvers, en ne payant pas ses achats ou en signant des chèques sans provision. La fraude atteindrait des millions de dollars, selon le magistrat. Lorsque les choses avaient mal tourné pour lui, Weitz s'était enfui vers Israël, pays dont il détenait la citoyenneté.

Arrêté à Saint-Jérôme

En mai 2013, informée que Weitz se trouvait de passage sur son territoire, la police de Saint-Jérôme l'avait arrêté immédiatement. Les agents avaient alors saisi plus de 70 000$ en bijoux et un vaporisateur de gaz poivre.

Avec le consentement du ministère de la Justice du Canada, le juge de la Cour d'appel du Québec Nicholas Kasirer avait accepté de mettre Weitz en liberté, le temps que le gouvernement étudie la demande d'extradition de la Belgique.

Weitz s'était fait confisquer ses passeports belge et israélien. Il avait dû s'engager à résider chez son ami Miran Armutlu, un bijoutier québécois qui avait versé une caution de 25 000$ pour sa libération. Weitz devait aussi se rendre tous les mardis à la GRC.

C'est ce qu'il a fait. Jusqu'en mai dernier.

Selon la preuve présentée au tribunal hier pour obtenir un nouveau mandat d'arrêt à son endroit, Weitz aurait écrit à Armutlu le 8 mai pour l'aviser qu'il ne reviendrait pas coucher. «J'ai un sérieux problème de santé et je ne pourrai pas venir ce soir. Je resterai à la maison d'un ami et j'irai pour un examen demain», disait-il.

Il n'a plus jamais donné signe de vie. Dans une déclaration préparée pour la cour, un enquêteur de la GRC affecté à son dossier confirme qu'il est introuvable. Son ami Miran Armutlu risque maintenant de perdre la caution de 25 000$.

«Danger de récidive»

Dans les documents à l'appui de la demande d'extradition, le juge d'instruction belge avait bien prévenu les autorités canadiennes que Weitz n'était pas à prendre à la légère.

«L'intéressé fait preuve d'un manque systématique de respect pour la propriété d'autrui, ce qui comporte un danger pour l'ordre public et la sécurité. Vu le caractère organisé, répété et particulièrement lucratif des faits, il y a un danger de récidive», disait-il.

L'an dernier, Weitz avait expliqué avoir fui la Belgique parce qu'il craignait pour sa vie. Il disait s'être endetté auprès de personnages louches qui l'avaient menacé.

L'avocat de M. Weitz, Me Stéphane Handfield, avait peu d'explications à offrir hier lorsque la cour a lancé un nouveau mandat d'arrêt contre son client. «Je n'ai aucune information sur les raisons pour lesquelles il aurait brisé ses conditions, outre que je sais qu'il avait des problèmes de santé et qu'il a subi des menaces de mort dans le passé. Est-ce que ces motifs ont quelque chose à y voir? Je l'ignore», a-t-il laissé tomber.