«Ne vous inquiétez pas. Si un voleur veut l'argent, je vais le lui donner, je ne résisterai pas.» C'est ce que Linda Bonnette avait l'habitude de dire à ses proches, qui s'inquiétaient du fait qu'après avoir fini son quart de travail au bar Vegas Tour, la nuit, elle emportait les recettes avec elle. Malheureusement pour Mme Bonnette, les craintes de ses proches se sont matérialisées, et de façon pire qu'ils ne le pensaient.

Le 24 juin 2012, la femme de 50 ans s'est fait voler son argent, a été tuée puis brûlée dans sa voiture par une femme qu'elle connaissait, Sylvianne Barriault. Celle-ci voulait lui voler les quelques centaines de dollars qu'elle transportait. Vendredi, à Saint-Jérôme, Mme Barriault, 38 ans, a été condamnée à la prison à vie sans possibilité de libération avant 12 ans. Il s'agissait d'une suggestion commune des avocats des deux parties, soit Me Normand Boudreault pour la défense et Me Steve Baribeau pour la Couronne.

Mme Barriault a plaidé coupable à une accusation réduite de meurtre non prémédité dans cette affaire.

Lors des observations sur la peine, vendredi, Me Baribeau a expliqué que Mme Barriault avait monté une mise en scène pour piéger la victime. Mme Bonnette a accepté de l'aider et l'a payé de sa vie. Mme Barriault a ensuite tenté de nettoyer les éléments de preuve et a brûlé le corps, «au mépris total et flagrant de la victime,» a relevé le procureur.

Victime de violence

Mme Barriault n'a pas bronché, vendredi, dans le box des accusés. Elle n'avait aucun antécédent judiciaire auparavant, mais elle aurait été victime de violence tout au long de sa vie, d'abord dans son enfance par son père alcoolique, puis dans sa vie adulte avec des conjoints. C'est ce que son avocat, Me Boudreault, a fait ressortir. Il a indiqué que sa cliente avait été placée en centre d'accueil de l'âge de 10 à 14 ans. 

En début de vingtaine, en 1995, elle a accouché d'une fille dont elle a fini par perdre la garde. Plus tard, Mme Barriault s'est mise en couple avec Andy St-Gelais, qui était agent des services correctionnels. Mme Barriault vivait encore dans un climat de violence avec lui, selon Me Boudreault, qui a aussi parlé d'un projet de pacte de suicide que M. St-Gelais aurait élaboré. Mais Mme Barriault n'était pas prête à cela, a précisé l'avocat. 

Il est à noter que M. St-Gelais est accusé lui aussi de meurtre prémédité dans cette affaire. Il sera jugé ultérieurement.

Vendredi, de nombreux proches de la victime se trouvaient dans la salle d'audience. Une des soeurs de Mme Bonnette, de même que sa bru, lui ont rendu hommage. Elles ont parlé d'une femme généreuse, toujours prête à aider, d'une mère et grand-mère attentionnée.