Amir Khadir est poursuivi à hauteur de 300 000 $ pour ses propos à l'égard de Marcel Melançon, ex-associé de Tony Accurso. M. Melançon allègue que le député de Québec solidaire a tenu des propos «mensongers et diffamatoires» à son endroit, à deux reprises sur les ondes du 98,5 FM.

Les paroles en litige auraient été tenues à l'émission animée par Benoît Dutrizac, les 26 septembre et 10 décembre dernier. 

Alors qu'il était invité à commenter les propos de Jacques Duchesneau au sujet de la consommation de stupéfiants d'André Boisclair, M. Khadir aurait dit : «L'essentiel, c'est tout ce financement rattaché à des cadeaux. Monsieur Sauvé essentiellement c'est quoi, c'est que c'est un collecteur de fonds du PQ, du Parti Québécois, pas le seul d'ailleurs, le plus important c'était Marcel Melançon, l'ami et l'associé de Tony Accurso à la fin des années 90, début des années 2000, où Monsieur Legault était là lui-même, était parfaitement au courant.»

«Mais les cocktails de financement où étaient là des SNC-Lavalin des compagnies pharmaceutiques, des compagnies de construction, organisées par Marcel Melançon, c'était monnaie courante. Marcel Melançon, c'est celui qui donnait le cours 101 de financement illégal à Jean Brault, qui en a parlé à la Commission Gomery.»

M. Melançon soutient qu'il n'a participé au financement du Parti Québécois qu'une fois, lors de la campagne référendaire de 1995, de façon bénévole et par conviction. Il reproche par ailleurs à M. Khadir de ne pas avoir mis les choses en contexte quand il l'a associé à M. Accurso. Ils étaient associés dans l'entreprise Marton (Mar pour Marcel, et Ton pour Tony), mais ils n'entretiennent plus de lien d'affaires depuis 1999, soutient M. Melançon. 

Dans sa poursuite, M. Melançon signale que M. Khadir a reconnu que ses propos étaient «faux et inexacts», puisque, après avoir reçu une mise en demeure de M. Melançon, il a envoyé une lettre d'excuses, le 21 novembre dernier.

Mais voilà, le 10 décembre, M. Khadir serait revenu à la charge, en présentant M. Melançon comme un «bag man», et en disant que la Commission Charbonneau devrait s'intéresser à lui. 

«Moi, j'aimerais qu'on regarde ce qui s'est passé à la fin des années 90, début des années 2000, justement dans l'est de Montréal, aurait dit M. Khadir ... les permis qui ont été octroyés pour des viaducs, des échangeurs entre la 40 et la 640, qui ont permis à Marcel Melançon, principal argentier du Parti Québécois, à la fin des années 90, de maintenant s'asseoir sur des projets immobiliers de 500 millions de dollars, 500 millions de dollars juste à l'entour de l'hôpital, et ça, c'est parfois sur des zones humides, à d'autres endroits c'était des terres agricoles...»

M. Melançon signale que M. Khadir continue de véhiculer les «propos mensongers» tenus par Jean Brault devant la Commission Moisan (et non Gomery.) Ces propos avaient été repris par Jean Charest, lors du débat des chefs en 2012, indique-t-il dans sa poursuite. Après les élections, M. Melançon avait envoyé une mise en demeure à M. Charest et celui-ci s'était excusé par lettre, en janvier 2013.

M. Melançon dit ne pas connaître M. Khadir et ne l'avoir jamais rencontré. Mais il trouve que ses «propos à caractère sensationnaliste» portent gravement atteinte à sa réputation et à son intégrité. 

M. Melançon réclame 200 000 $ pour le préjudice et 100 000 $ en dommages punitifs.

Élise Tanguay, porte-parole de Québec Solidaire, a indiqué que M. Khadir ne ferait pas de commentaires.