Les crimes rapportés à la police dans l'ensemble du pays sont de moins en moins nombreux et de moins en moins graves, selon Statistique Canada. Toronto demeure la plus sûre des grandes villes canadiennes, alors que Montréal se retrouve en milieu de peloton. Aperçu en cinq temps.

Retour en 1972

Le taux de criminalité canadien a diminué de 3% de 2011 à 2012, selon le nouveau rapport publié hier. En excluant les infractions à la sécurité routière, près de deux millions de crimes ont été rapportés à la police en 2012, soit 36 000 de moins qu'en 2011. La chute est encore plus importante à long terme. Depuis 10 ans, le taux de criminalité a fondu du quart pour l'ensemble du pays. Le Canada n'a jamais été aussi en sécurité depuis 1972, selon Statistique Canada.

Non seulement les crimes sont moins nombreux, mais ils sont aussi moins graves. L'«Indice de gravité de la criminalité" a chuté de 3% en un an.

Paisible Ontario

Le Québec fait assez bonne figure dans l'ensemble du pays et est plus sûr que la moyenne canadienne, selon les données publiées hier. Dans la province, moins d'un crime y a été rapporté par tranche de 20 habitants.

La Saskatchewan demeure, et de loin, la province la plus dangereuse au Canada. À titre de comparaison, on y rapporte à la police deux fois plus de crimes qu'au Québec, toutes proportions gardées. Toutefois, la province est aussi celle qui a fait le plus de progrès de 2011 à 2012.

C'est en Ontario que l'on trouve le plus bas taux de criminalité et que les crimes commis sont les moins graves. Le Québec se classe en seconde place.

Québec plus turbulente que Toronto

En 2012, chaque tranche de 100 000 Montréalais a rapporté environ 4500 crimes en tous genres à la police, soit 5% de moins que l'année précédente. La grande région de Montréal fait ainsi bonne figure si on la compare aux grandes villes de l'Ouest, comme Regina, Edmonton, Saskatoon et Vancouver. La région de Kelowna, en Colombie-Britannique, affiche le pire taux de criminalité du pays - environ le double de celui de Montréal.

Si Montréal ne fait pas mauvaise figure, c'est la Ville Reine qui enlève tous les honneurs. Toutes proportions gardées, Toronto serait plus calme que Québec, selon Statistique Canada. Le maire Labeaume règne par ailleurs sur la municipalité où il se commet en proportion le moins de crimes au Québec. À l'autre bout du spectre, la seule ville québécoise moins sûre que Montréal est Gatineau.

Terrorisme à la hausse

Si le taux de criminalité a baissé dans l'ensemble du Canada, la fréquence à laquelle certains crimes surviennent a crû de façon importante.

C'est notamment le cas des infractions liées au terrorisme, dont le nombre a presque doublé de 2011 à 2012, passant à 114 violations de la loi. L'extorsion - crime qui consiste à menacer un individu afin d'obtenir une contrepartie - a aussi fait un bond marqué, tout comme les infractions simples commises avec une arme à feu.

A contrario, le nombre d'agressions sexuelles graves rapportées à la police a chuté de 14% en un an, alors que celui des homicides a perdu 10%. Les crimes de contrefaçon (-30%) et de prostitution (-16%) se sont aussi raréfiés de 2011 à 2012.

Le gouvernement se félicite

Comme chaque année, la publication des données sur les taux de criminalité par Statistique Canada a donné lieu à une partie de bras de fer sur la Colline du Parlement.

«Ces statistiques montrent que nos mesures sévères contre le crime fonctionnent», a fait valoir Jean-Christophe de Le Rue, porte-parole du ministre de la Sécurité publique. Il a ajouté que même si le taux de criminalité baissait, le nombre de crimes rapporté restait trop élevé et que la lutte contre la criminalité devait se poursuivre.

Mais pour l'Opposition officielle, ces données enlèvent de la crédibilité au ton alarmiste des conservateurs dans le dossier de la criminalité. «La rhétorique vide, qui consiste uniquement à faire peur aux gens, et les politiques superficielles des conservateurs n'aident en rien à faire baisser le taux de criminalité", a avancé Rosane Doré Lefebvre, du NPD.