(Vancouver) Une actrice de Vancouver affirme avoir été recrutée à son insu pour manifester devant le tribunal où se déroule l’audience d’extradition de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou.

Julia Hackstaff, 32 ans, a raconté qu’une connaissance était entrée en contact avec elle sur Facebook en lui offrant 100 $ pour un travail d’acteur de deux heures, sans donner de détails sur le travail en question.

Mme Hackstaff a expliqué qu’elle était arrivée à l’adresse indiquée lundi matin, avant d’être emmenée à la Cour suprême de la Colombie-Britannique où on lui a demandé de tenir une pancarte affichant un message d’appui à Mme Meng. Elle ignorait que l’audience sur l’extradition de Mme Meng était en cours.

Elle a d’abord cru qu’il s’agissait d’une production mal organisée, jusqu’à ce qu’un journaliste commence à lui poser des questions pointues.

« La manière avec laquelle ce journaliste posait des questions, cela m’a fait réaliser en quelque sorte, “OK, cette personne ne tient évidemment pas un rôle” », a-t-elle relaté.

On ne sait pas qui a organisé cette « manifestation ». Julia Hackstaff a déclaré qu’elle était partie immédiatement sans attendre d’être payée. Elle pense que la connaissance qui l’a contactée sur Facebook a également été victime de l’arnaque.

« L’idée qu’il s’agissait d’une véritable manifestation ne m’est venue qu’à la fin, quand j’ai décidé de partir. Auparavant, j’essayais simplement de comprendre de quel type de production il s’agissait, et comment il se faisait qu’on ne nous ait pas fourni d’informations », a-t-elle confié.

Aucun responsable du consulat général de la République populaire de Chine à Vancouver n’a pu être joint pour commenter cette situation.

Un porte-parole du département des médias internationaux de Huawei, Benjamin Howes, a déclaré dans un courriel que l’entreprise n’était pas liée aux manifestants et aux partisans à l’extérieur du palais de justice de Vancouver.

Les relations sont tendues entre le Canada et la Chine depuis l’arrestation de Mme Meng à Vancouver en 2018 et la demande d’extradition des États-Unis.

Des manifestants se sont souvent rassemblés à l’extérieur de la Cour suprême de la Colombie-Britannique pour les procédures ayant mené au début de l’audience sur l’extradition de Mme Meng cette semaine.

Certains manifestants ont déploré le comportement du gouvernement chinois, tandis que d’autres ont brandi des affiches appelant à la libération de la directrice financière de Huawei.

Lundi, Mme Hackstaff figurait parmi une demi-douzaine de personnes qui brandissaient des pancartes rouges avec les inscriptions « Libérez Mme Meng » et « Justice équitable ».

La jeune femme s’est rendue à l’adresse qui lui avait été indiquée, puis elle a été redirigée vers le hall de l’hôtel. Lorsqu’elle est finalement arrivée devant le palais de justice, elle a vu des dizaines de personnes déjà rassemblées et a pensé qu’elle devait être en retard.

Elle a cru repérer un groupe de gens dans la vingtaine comme étant ses pairs figurants — l’un d’eux a confirmé qu’il en faisait effectivement partie — et on lui a remis une pancarte.

Elle ignore d’où provenait la proposition de figuration.

« J’aimerais avoir dit non », a-t-elle confié.

« Je ne peux pas parler au nom de toutes les personnes présentes à la manifestation, je n’en connais aucune. Mais il est injuste que quelqu’un qui pense qu’il va faire un travail honnête se fasse piéger », a fait valoir Mme Hackstaff.