(Mulhouse) Un homme de 26 ans a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Mulhouse (Haut-Rhin) à trois ans de prison, dont deux avec sursis probatoire, pour avoir causé sous l’emprise de « gaz hilarant » un accident qui avait coûté la vie à son passager.

Poursuivi pour « homicide involontaire » et déjà connu pour des infractions routières, il a également vu son permis annulé.

Cette peine, qui n’est pas assortie d’un mandat de dépôt, est en deçà des réquisitions du ministère public, qui avait demandé à son encontre trois ans ferme ainsi que son incarcération.

Les faits se sont produits le 5 septembre à Mulhouse, vers 23 h.

Le véhicule du prévenu, dans lequel il transportait trois autres personnes, avait percuté de plein fouet la façade d’une auto-école.

Le passager avant, âgé de 29 ans, était mort avant l’arrivée des secours. Les deux passagers arrière, âgés de 21 et 28 ans, avaient été blessés, dont l’un grièvement. Le conducteur avait lui été hospitalisé en urgence absolue.

Selon les deux rescapés, il avait inhalé juste avant l’accident du protoxyde d’azote, un gaz aux propriétés hilarantes conditionné en petites bonbonnes.

Destiné normalement aux siphons de pâtisserie, son usage est de plus en plus détourné, notamment par les jeunes qui l’utilisent comme drogue euphorisante.

Plusieurs cartouches de ce gaz ont été retrouvées dans le véhicule accidenté, tout comme des bouteilles d’alcool. Les analyses sanguines ont révélé chez le prévenu des traces de cannabis, mais pas d’alcool.

Avant de prendre le volant, il « est allé acheter des ballons et des capsules de protoxyde », a témoigné à l’audience l’un de ses passagers.

Il « l’a inhalé alors qu’on roulait et son comportement a viré en quelques secondes. Il a doublé une voiture et roulé. On voyait le mur arriver et il était comme absent alors qu’on criait… », a-t-il ajouté.

Selon les experts, la voiture a percuté l’auto-école à plus de 90 km/h.

À la barre, le prévenu a indiqué avoir « du mal à se souvenir » de cette soirée, mais a reconnu avoir ingéré du gaz hilarant ainsi qu’une « gorgée » d’un mélange de vodka et de boisson énergisante « en début de soirée ».

« Ce n’est pas le dossier du protoxyde d’azote, mais tout le monde est d’accord […] : après avoir inhalé le gaz, il a changé de comportement. Il a perdu conscience. Est-ce que cela mérite trois ans de prison ? », s’est interrogé son avocat, Me Michael Wacquez.