(Cité du Vatican) Le pape François, connu pour son franc-parler, s’est excusé mercredi lors de l’Angélus d’avoir « perdu patience » la veille, en retirant avec agacement sa main qu’une fidèle asiatique empressée tentait de retenir, lors d’un bain de foule Place Saint Pierre.

« Tant de fois nous perdons patience. Cela m’arrive à moi aussi. Je m’excuse pour le mauvais exemple donné hier », a déclaré le chef de l’Église catholique, depuis une fenêtre du Palais apostolique Place Saint Pierre.

Les images du pape, qui a fêté ses 83 ans le 17 décembre, réagissant avec irritation à cette poignée de main trop énergique, après les vêpres du dernier jour de 2019, ont suscité des dizaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux.

Après avoir embrassé les nombreux enfants massés devant la crèche de Noël sur la vaste Place Saint Pierre, et alors qu’il allait repartir dans une autre direction, la main du pape a été happée par une femme asiatique qui l’attendait, les mains croisées avec ferveur. En voulant l’attirer à elle, elle a failli le faire tomber.

Tandis que l’inconnue lui criait des propos quasiment inaudibles en serrant très fort sa main droite, François, irrité, le visage douloureux et empourpré, est parvenu à s’extraire de son emprise par plusieurs petites tapes de sa main gauche restée libre sur le bras de la femme.

Le pape, qui a des difficultés à marcher et porte des chaussures de sport spéciales, a poursuivi ensuite son tour de la crèche, en maintenant un peu plus de distance avec les fidèles enthousiastes. Son visage fermé s’est progressivement détendu au contact des jeunes enfants.

Mercredi, il a rappelé que la messe du jour célèbre Marie, « la vierge qui a donné la vie à Jésus, le sauveur ». Celui-ci « n’a pas supprimé le mal mais l’a vaincu à la racine ». Ce « salut », « cette bénédiction de Dieu pour chaque homme et femme » n’est « pas magique mais requiert de la patience, la patience de l’amour », a-t-il estimé.

A ce moment-là, le chef de l’Église catholique est sorti du texte diffusé à l’avance aux médias, en répétant la phrase, « la patience de l’amour », et en faisant son mea culpa pour son geste inhabituel d’agacement.  

« Il aime embrasser les gens »

Il a enchaîné en résumant son message du Nouvel An, lu dans toutes les églises du monde, qui exhorte à « la paix, chemin d’espoir vers lequel avancer à travers le dialogue, la réconciliation et une conversion écologique » intégrale.

Le cardinal Jorge Bergoglio, premier pape latino-américain de l’histoire, réputé pour son action auprès des déshérités quant il était archevêque de Buenos Aires, a séduit, depuis le début de son pontificat en 2013, par sa simplicité et sa proximité avec les fidèles, et se prête souvent à de longs bains de foule.

Mais l’ancien chef des Jésuites argentins est aussi connu pour son tempérament ferme et déterminé, voire autoritaire.

En mars, il s’était illustré publiquement par sa franchise en refusant que des fidèles baisent l’anneau papal, lors d’une cérémonie au sanctuaire de Lorette, dans le centre de l’Italie.  

Le Vatican avait ensuite expliqué son geste — le pape retirait sa main à chaque fois qu’un pélerin essayait de l’embrasser — par des raisons d’hygiène.

« Le pape m’a dit que le motif pour lequel il ne permettait pas le baiser (de l’anneau, NDLR) à Lorette était l’hygiène. Pas pour lui, mais pour éviter la contagion quand il y a de longues files de personnes. Personnellement, lui il aime embrasser les gens », avait expliqué le porte-parole du Saint-Siège, Alessandro Gisotti.

Le montage vidéo avait été largement rediffusé par les milieux traditionnalistes, très critiques du pape François qu’ils jugent trop progressiste, en raison de ses ouvertures sur l’homosexualité, sur l’économie-un sujet sur lequel ses détracteurs le traitent de « communiste » — et sur l’accueil des migrants.