(Nashville) Des maisons d’édition religieuses préviennent que les nouveaux tarifs qu’envisage d’imposer le président Donald Trump sur les importations en provenance de Chine pourraient entraîner une pénurie de Bibles.

C’est que des millions de Bibles — selon certaines estimations, 150 millions ou plus — sont imprimées en Chine chaque année. Cela pourrait faire bondir le prix du livre et nuire aux efforts d’évangélisation des organisations chrétiennes qui distribuent des Bibles, estiment certains observateurs.

Le président et chef de la direction de HarperCollins Christian Publishing, Mark Schoenwald, a récemment dit au représentant américain au Commerce que l’administration Trump «n’avait jamais eu l’intention d’imposer une “taxe sur la Bible” aux consommateurs et aux organisations religieuses», selon un compte-rendu de la rencontre fourni par l’éditeur.

Les deux plus grands éditeurs de la Bible aux États-Unis, Zondervan et Thomas Nelson, sont détenus par HarperCollins et consacrent 75% de leurs dépenses de fabrication de la Bible en Chine, d’après M. Schoenwald. Ensemble, ils représentent 38% de tout le marché de la Bible aux États-Unis, a-t-il ajouté.

La taille de ce marché est difficile à estimer. Environ 20 millions de Bibles seraient vendues aux États-Unis chaque année, indique une porte-parole de HarperCollins.

Selon NPD Group, une entreprise d’études de marché, 5,7 millions de Bibles imprimées ont été achetées aux États-Unis en 2018. Mais ce chiffre ne couvre pas toutes les ventes, dont celles que les éditeurs vendent directement aux congrégations.

AP

Michelle Obama signe une copie de son livre lors d'un évènement à New York en novembre 2018.

Quoi qu’il en soit, il est clair que la Bible est le livre le plus vendu aux États-Unis. À titre de comparaison, le succès de vente de 2018 était Becoming de Michelle Obama qui, selon BookScan, s’est vendu à 3,5 millions d’exemplaires.

La Bible et les livres pour enfants touchés

Les tarifs douaniers de 25% que propose l’administration Trump s’appliqueraient sur tous les livres, mais selon certains, ils toucheraient de manière disproportionnée la Bible et les livres pour enfants. Ces deux catégories ont tendance à avoir des exigences d’impression particulières que les imprimeurs chinois peuvent satisfaire, contrairement à de nombreux imprimeurs nationaux.

«Les imprimeurs américains ont déménagé leurs installations d’impression de la Bible à l’étranger il y a plusieurs décennies, ne laissant aucune possibilité substantielle de fabrication nationale», a fait valoir M. Schoenwald.

En entrevue téléphonique, le président et chef de la direction de l’Evangelical Christian Publishers Association, Stan Jantz, a souligné que plus de la moitié de la production de la Bible pour le marché américain était effectuée en Chine.

«Traditionnellement, les livres historiques étaient exclus des tarifs», a-t-il soutenu.

Biblica, la Société biblique internationale, est une organisation religieuse à but non lucratif qui distribue des Bibles dans 55 pays. Environ 72% des investissements du groupe dans l’édition de la Bible vont en Chine, selon Geof Morin, président et chef de la direction de Biblica.

De tels tarifs auraient «une incidence extraordinaire sur le nombre de Bibles que nous sommes en mesure d’imprimer et de donner, nuisant à la liberté religieuse des personnes dans les pays où l’accès à la Bible est limité et souvent inexistant», a-t-il plaidé devant le représentant américain au Commerce, selon la transcription qu’il a fournie.