Le président iranien Hassan Rohani a assuré mercredi à Rome n'avoir fait aucune demande auprès de ses hôtes italiens pour que les statues dénudées du musée du Capitole, visité lundi soir, soient cachées par des paravents pour ne pas l'indisposer.

«C'est bien une question de journalistes ça», a-t-il d'abord affirmé, avec un sourire, lors d'une rencontre avec la presse étrangère à son hôtel mercredi matin.

Assurant «n'avoir eu aucun contact à ce sujet» au préalable avec les autorités italiennes, il a ajouté: «Je sais que les Italiens sont très hospitaliers, un peuple qui cherche à rendre le séjour de ses invités le plus agréable possible et je les en remercie pour cela».

Mardi, le Corriere della Sera, citant des sources au sein de la délégation iranienne, avait assuré que les paravents avaient été installés après une inspection préalable.

Interrogé à ce sujet alors qu'il accompagnait M. Rohani au Colisée, le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, a estimé qu'il était «incompréhensible» de couvrir les statues.

«Je pense qu'il y aurait eu d'autres façons de ne pas aller contre la sensibilité d'un hôte étranger aussi important», a-t-il estimé, assurant que ni lui ni le chef du gouvernement, Matteo Renzi, n'avaient «été informés» de la démarche.

Selon les journaux italiens mercredi, «l'excès de zèle» serait à mettre au crédit du bureau de l'État en charge du protocole lors de l'accueil des hôtes étrangers. Ce bureau dépend de la présidence du Conseil mais agit de manière autonome.

À la mairie de Rome, gestionnaire du musée, des sources internes ont assuré à la presse que la municipalité n'avait eu «aucun rôle» dans cette décision.

En accueillant son hôte lundi dans le site prestigieux du Capitole, où une quinzaine d'accords portant sur des milliards de dollars ont été signés, M. Renzi avait pourtant mis l'accent sur la richesse historique des deux pays, assurant qu'ils avaient en commun d'être «deux superpuissances de la beauté et de la culture».

Et en plus d'avoir couvert ses statues, l'Italie a aussi accepté de bannir le vin lundi, le temps d'un déjeuner avec le président de la République, Sergio Matterella, et d'un dîner avec M. Renzi.

Ces décisions ont provoqué une petite polémique en Italie, où le parti anti-euro et anti-immigrés de la Ligue du Nord a dénoncé un «énième acte de soumission à une culture qui ne nous appartient pas».

Les Radicaux italiens ont quant à eux rappelé que lors de la visite du pape François à Turin en juin, les affiches d'une exposition de la peintre polonaise art déco Tamara de Lempicka avaient également été couvertes, mais «personne ne s'en était scandalisé».