Au bout de la laisse, on dirait un petit chien trapu vêtu d'un pull. Mais il n'aboie pas, il pousse des petits cris: c'est un cochon nain, une espèce miniature qui fait fureur comme animal domestique à Mexico.

«Dans ma famille on est à moitié fous, on n'est pas normal», confesse Tania Loaeza, femme au foyer qui a adopté il y a un mois l'un de ces cochons de la taille d'un caniche, devenu la coqueluche de son fils Allan.

«J'ai vu des petits cochons vietnamiens dans une ferme et j'en suis tombée amoureuse. J'ai dit "J'en veux un, j'en veux un" et c'est comme ça qu'est arrivé Miku», raconte-t-elle.

Miku s'est facilement adapté à la vie de la famille, imitant ses membres à la perfection, pour leur plus grand bonheur: s'ils courent, il court. S'ils crient, il crie également. S'ils lui sourient, ils assurent qu'il sourit aussi.

«C'est comme une petite soeur», s'enthousiasme Tania, et, contrairement aux idées reçues, il «est propre et prévient mon mari quand il veut faire ses besoins».

La mode est née il y a quelques années en Europe, avant de gagner l'Asie et les États-Unis. On la retrouve étonnamment jusqu'au Mexique, un pays d'amateurs de porc dans l'assiette où les amoureux des cochons en laisse sont prêts à débourser entre 360 et 1800 dollars pour en acquérir un.

«Paris Hilton en a un»

La vétérinaire Xhantal Bobabilla s'est lancée dans l'élevage de ces petits animaux quand elle s'est rendu compte de leur popularité.

«Les gens sont contents et surpris quand ils voient un petit cochon», dit Xhantal, pendant qu'une femelle noire vêtue d'un tutu rose se blottit contre elle et que son autre cochon, Gusfredi, au pelage blanc taché, joue avec les chiens qui le reniflent, intrigués.

Sur les 12 cochons nains qu'a élevés Xhantal, 10 ont déjà trouvé preneur. La vétérinaire indique avoir des commandes en attente, dont certaines en provenance d'autres pays d'Amérique latine.

«Moi j'ai vu que Paris Hilton en avait un, c'est pour ça que je me suis décidée à en acheter un», explique Diana Méndez, en promenant son atypique animal de compagnie dans le quartier aisé de Polanco.

Au Mexique, le vétérinaire José Alanis est un pionnier dans ce domaine.

«Maintenant les cochons nains sont à la mode grâce aux réseaux sociaux et aux stars comme Paris Hilton, mais il y en a toujours eu...» affirme-t-il, avançant le chiffre de 3000 cochons nains domestiques dans le pays.

Les plus recherchés - et donc les plus chers - sont ceux de couleur rose, «car on les associe à la fantaisie» des contes pour enfants, explique José Alanis.

L'origine de l'espèce remonte à un demi-siècle, fruit d'une sélection génétique entre races de petite taille du Vietnam et d'Europe.

Ces créatures étaient destinées au départ à servir de cobayes en laboratoires, en raison de leurs similitudes avec les humains et de leur grand avantage: adultes, ces cochons nains pèsent généralement moins de 40 kilos - l'espèce vietnamienne peut toutefois atteindre 120 kilos.

Pour les scientifiques, «ce n'était pas pratique de travailler avec des animaux grands et lourds», se souvient José Alanis, qui élevait autrefois des micro-cochons pour des recherches médicales.

Timides et intelligents

Désormais, le cochon nain domestique «est une mode en pleine expansion, comme cela été le cas avec les chiens. Cela va se stabiliser et après viendra un déclin, mais cela ne va pas disparaître», affirme-t-il.

Adopter un cochon nain implique d'apprendre comment en prendre soin et communiquer avec lui, prévient Xhantal Bobadilla, qui conseille certains clients un peu désarçonnés les premiers jours.

«Quand il fait froid, ils se mettent derrière le réfrigérateur, pour la chaleur dégagée par l'appareil. Le premier endroit qu'ils identifient, c'est la cuisine, car ils ont toujours faim. Ils demandent à manger en grognant. Et si vous les ignorez, ils poussent des cris», détaille-t-elle.

«Ils sont timides car dans la nature ce sont des proies. Ils ne sont pas très dépendants : on peut sortir et les laisser sans se dire qu'ils souffriront et vous attendront derrière la porte comme le font les chiens.»

Son associé Daniel Muñoz n'a lui aussi que des éloges: «L'intelligence des cochons est supérieure à celle des chiens, ils sont propres, ne laissent pas d'odeurs car ils n'ont pas de glandes sudoripares» et ne provoquent pas d'allergies, assure-t-il.

José Alanis estime qu'il faut en général 18 mois pour savoir si on aime ou pas avoir à la maison un cochon nain.

Un jour, la police en a trouvé un abandonné dans une rue de Mexico, souligne-t-il. Et l'histoire s'est vite terminée: «Les policiers m'ont dit: "Personne ne l'a réclamé, donc vous savez... il a fini à la casserole".»