Une lettre jaunie retrouvée dans un vieux camion a donné aux résidants de la petite ville albertaine de Vulcan un aperçu de la vie dans les Prairies après la Première Guerre mondiale.

Victoria Collier a écrit cette lettre le 15 novembre 1919, peu après la fin de la guerre, sur du papier en-tête de la compagnie Vulcan Supply, dans la petite ville située au sud-est de Calgary.

La lettre est restée cachée dans un camion durant 94 ans, jusqu'à ce que Tim Lacey n'achète le véhicule à Balaklava, en Australie, il y a quelques années.

Une fois la lettre retrouvée, il l'a renvoyée à Vulcan.

La missive est adressée à une certaine Mlle Scholz.

Le petit-fils de Mme Collier, Dave Collier, a affirmé que sa grand-mère est décédée lorsqu'il avait 19 ans, il y a 51 ans.

«On dirait que les choses ne seront plus jamais comme avant, depuis cette guerre, tout est sens dessus-dessous, dit la lettre. Les États-Unis sont dans un état effroyable. Cela leur rend bien service toutefois, ils n'arrêtent pas de dire "comment ils ont gagné la guerre" en réduisant les autres "nations", ils croient qu'ils dirigent le monde, vous devriez être reconnaissante de ne pas les avoir pour voisins.»

Mme Collier parle ensuite météo à sa correspondante.

«Nous avons eu une année de sécheresse, la troisième d'affilée, cela empire les choses. Un hiver hâtif s'est installé, nous avons eu deux pieds de neige (60 centimètres) le 15 octobre (...) le bétail meurt de faim, le foin est horriblement cher, on peut à peine s'en procurer. Le gouvernement parle d'aider un peu plus qu'il ne l'a fait.»

Dave Collier a été surpris du ton de la lettre, qui lui a montré un aspect différent de la personnalité de sa grand-mère.

«Elle y est très jasante et elle n'était pas comme ça, à ma connaissance, avec nous. C'était une femme très gentille mais totalement réservée», s'est-il souvenu.

La dame était âgée dans la fin vingtaine lorsqu'elle a écrit cette lettre.

M. Collier a raconté qu'elle est née en Tasmanie et a perdu ses parents lorsqu'elle avait neuf ans. Elle a été adoptée par d'autres membres de sa famille et est allée à l'école en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Angleterre.

«(Sa correspondante) était probablement une personne avec qui elle était allée à l'école ou un membre de la famille avec qui elle a vécu, de toute évidence quelqu'un de qui elle était très proche.»

M. Collier, 70 ans, a aussi raconté que ses grands-parents s'étaient rencontrés en Angleterre avant que sa grand-mère n'arrive au Canada en 1908. Il croit qu'il s'agissait probablement d'un mariage arrangé.

La lettre de la dame parle également des loisirs qu'elle pouvait pratiquer en hiver dans cette petite ville. «Les jeux sur la glace sont au menu du jour maintenant, le curling, le hockey et le patinage.»

La lettre a été offerte à la famille, mais M. Collier a affirmé qu'elle serait remise au musée de Vulcan.