Un médecin américain a rendu lundi à un ancien soldat de la guérilla communiste Vietcong les os de son bras amputé pendant la guerre du Vietnam et conservé précieusement pendant près de quarante ans, a-t-il indiqué à l'AFP.

Le bras, dont il ne reste que les os attachés ensemble après l'opération chirurgicale en 1966, a été remis à Nguyen Quang Hung chez lui à An Khe, dans la province de Gia Lai des Hauts-Plateaux du centre du Vietnam.

«J'étais le gardien de ce bras», a déclaré par téléphone Sam Axelrad, qui s'est dit «incroyablement heureux» d'avoir pu enfin rendre ce macabre souvenir de guerre à son propriétaire légitime.

Hung, ancien soldat vietcong, était arrivé moribond dans la base du médecin américain en 1966, après avoir été touché par balle et avoir contracté la gangrène.

«Quand j'ai amputé son bras, nos médecins l'ont pris, ont enlevé la chair, et l'ont réassemblé parfaitement avec des fils, et ils me l'ont donné», a expliqué le médecin.

«Quand j'ai quitté le pays six mois plus tard, je n'ai pas voulu jeter le bras, je l'ai mis dans ma malle et je l'ai emporté chez moi. Et toutes ces années, il est resté dans ma maison».

Des décennies plus tard, Axelrad est retourné au Vietnam, a découvert que Hung était toujours vivant et finalement pu lui rendre son bien après quelques obstacles logistiques et des mois de discussions avec le consulat vietnamien aux États-Unis et les autorités américaines des transports.

«Il s'est avéré que vous ne pouvez prendre des os dans votre valise», a noté le médecin qui a donc tout simplement mis le bras dans ses bagages en soute.

Hung, 74 ans, père de sept enfants, s'est réjoui de ces retrouvailles un peu particulières. «Ces os sont la preuve de ma contribution à la guerre. Je vais les garder dans ma maison, dans une vitrine», a-t-il déclaré, espérant qu'ils pourraient l'aider à être reconnu comme invalide de guerre, un statut et une pension qui lui ont été refusés après la perte de ses dossiers militaires.

La remise de ce bras est «tout à fait uniquement dans l'histoire de l'échange des restes humains de la guerre du Vietnam», a commenté de son côté Ron Ward, de la JPAC, unité américaine chargée des soldats disparus au combat au Vietnam.