Un jeune homme équipé d'une tronçonneuse s'est introduit dans la nuit de vendredi à samedi dans le Muséum d'Histoire naturelle de Paris où il a sectionné la défense gauche d'une éléphante ayant appartenu à Louis XIV. Il a été arrêté et la défense récupérée par la police.

L'animal, actuellement à l'état de squelette, avait été offert à Louis XIV par le roi du Portugal en 1668. Il a vécu jusqu'en 1681 à la ménagerie de Versailles, a-t-on précisé au Muséum, où l'on s'interrogeait samedi après-midi sur les motivations du vandale.

La valeur du bien convoité est celle de l'ivoire. «La valeur historique est un peu plus importante, mais pas mesurable», a déclaré à la presse Jacques Cuisin, en charge de la coordination des ateliers de préparation et restauration du Muséum.

Selon lui, les défenses de l'animal ne sont pas d'origine, mais ont été rapportées sur l'éléphante et dateraient du XIXe siècle.

«Le crâne est en excellent état, ce qui va permettre une restauration assez facile», a estimé M. Cuisin, précisant qu'on réparait une défense «comme une dent», et attendait à cet égard de voir la façon dont l'incisive était «fragmentée». «Il y avait pas mal d'éclats au sol», a-t-il précisé.

Le ministère de la Recherche, qui a déploré «la dégradation de ce spécimen de grande valeur historique et scientifique», a précisé dans un communiqué qu'il «apporterait son concours» aux équipes du musée pour «étudier les conditions de sa restauration».

La police, confirmant une information révélée par le quotidien Le Parisien, a précisé que le voleur avait été arrêté par la police dans une rue voisine du Muséum, situé dans le Ve arrondissement de Paris.

Selon les équipes du Muséum, à 3 h du matin, le jeune voleur a escaladé une grille surmontée de piques de 25 cm et brisé une vitre de 8 mm d'épaisseur pour s'introduire par une fenêtre dans la «galerie d'anatomie comparée», qui renferme des milliers de squelettes dans des vitrines et d'autres plus imposants, non protégés, dont celui de l'éléphante.

Le Muséum national d'Histoire naturelle est, avec les 62 millions de spécimens, l'un des premiers établissements mondiaux de ce type, avec le Natural History Museum de Londres.

L'incident n'a pas duré plus de trois minutes, selon le Muséum. L'alarme s'est déclenchée très vite, le temps pour le jeune homme de découper près de 90% de la partie visible de la défense (environ 3 kg) et de prendre la fuite par la fenêtre qu'il avait brisée. Quand les agents de la sécurité sont arrivés sur place, la tronçonneuse fonctionnait encore.

Aucun mobile n'était avancé samedi en fin d'après-midi, mais l'ONG Robin des bois jugeait que «quelles que soient les motivations du voleur d'ivoire, ce vol à main armée est à prendre au sérieux». «S'agit-il d'une initiative personnelle, d'une commande ou de l'émergence d'un nouveau réseau clandestin de trafic d'ivoire en France et en Europe?», interrogeait-elle.

Au Muséum, on n'excluait pas l'acte d'un homme «dérangé». «L'anatomie comparée, c'est le monde des squelettes et de la mort», soulignait M. Cuisin.

Le Muséum reçoit quelque 1,9 million de visiteurs par an sur l'ensemble de ses sites.

En décembre 2011, une corne de rhinocéros blanc avait été volée au musée de la Chasse et de la nature à Paris par des malfaiteurs qui avaient utilisé du gaz paralysant contre les surveillants. Ce vol avait été considéré comme un exemple de l'explosion de la délinquance destinée à alimenter le marché asiatique, où l'on prête des vertus aphrodisiaques à la corne de rhinocéros, qui peut se vendre plusieurs dizaines de milliers d'euros.

Le cambrioleur du Muséum d'histoire naturelle a été placé en garde à vue. La police a ouvert une enquête.