Le directeur du Musée d'art contemporain de Casoria (sud de l'Italie), exaspéré par les menaces de la mafia et l'inaction du gouvernement pour protéger le patrimoine italien, a écrit à la chancelière allemande Angela Merkel pour lui demander l'asile.

«J'ai écrit une lettre à la chancelière allemande Angela Merkel», a déclaré à l'AFP Antonio Manfredi, qui dirige ce musée proche de Naples.

«Je suis sérieux. Il ne s'agit pas d'une espèce de performance artistique. Si elle m'accorde l'asile, je vais faire mes bagages et déménager en Allemagne avec mon personnel et la collection complète du musée, soit un millier de pièces», a affirmé le directeur, qui est aussi sculpteur.

«L'Allemagne est l'un des seuls pays qui n'ait pas taillé dans le budget de la culture. Elle accorde beaucoup d'argent à la recherche, pas comme ici», a-t-il ajouté. Pour enfoncer le clou, il a même planté un drapeau allemand devant le musée.

Né à Casoria, il est rentré dans sa ville natale après avoir fait carrière à l'étranger, notamment en Chine et aux États-Unis, et a créé son musée en 2005.

«Je voulais lancer quelque chose dans cette ville morte», a-t-il expliqué. Mais aussitôt qu'il a commencé à organiser des expositions sur la Camorra (la mafia napolitaine) et les problèmes d'intégration des immigrés, il a reçu des menaces de mort et son musée a été vandalisé.

«Il y a des forces obscures en action ici qui veulent que rien ne change. Ce n'est pas forcément un mafieux qui se pointe avec un revolver, c'est plus subtil que ça, mais si vous êtes du coin, vous comprenez parfaitement le message», a-t-il expliqué.

Depuis la création du musée, il n'a plus reçu un sou de l'État, et après les écroulements à Pompéi il y a définitivement renoncé. Ses fonds viennent de sa propre poche ou de commanditaires privés, tandis que des artistes en visite lui donnent parfois des oeuvres.

«Si un gouvernement laisse Pompéi s'écrouler, alors quel espoir peut avoir mon musée?» s'interroge-t-il. «Il y a un énorme problème avec la culture en Italie».

Le gouvernement de Silvio Berlusconi a réalisé ces derniers mois des coupes claires dans le budget de la Culture, provoquant une vague de protestations et mettant certains musées au bord du dépôt de bilan.