Par une froide journée de semaine à Washington, les fameux «food trucks» de la ville sont visibles à chaque coin de rue, proposant un peu de tout aux employés de bureau de la capitale américaine, du poulet frit à des plats au curry en passant par des sandwiches cubains, des petits pains fourrés de homard du Maine ainsi que des tartes fraîchement sorties du four.

Toutefois, les travailleurs qui ont un petit creux font la queue devant une cuisine ambulante en particulier, Eat Wonky, stationnée près de l'une des stations de métro les plus achalandées de la ville. Ils sont là pour le classique d'entre les classiques de la cuisine québécoise, la poutine, réconfortant plat constitué de frites et de fromage en grains de cheddar frais que l'on recouvre de sauce brune.

«Ça fait du bien, en fait, d'avoir de la sauce brune par temps froid», affirme Andrea Purse, 30 ans, une native de Pittsburgh qui donnera naissance à son deuxième enfant le mois prochain.

Mme Purse, qui travaille pour le Center for American Progress, un cercle de réflexion de Washington, attendait derrière une douzaine de personnes, récemment, se réjouissant à l'idée d'avaler sa troisième poutine.

«Tout ce qui est salé est aussi le bienvenu quand on est enceinte», a-t-elle dit, ajoutant qu'elle trouvait «génial» le mélange de grains de fromage salé, de sauce brune et de frites.

Dans une ville davantage connue pour sa vie politique, la poutine séduit de plus en plus d'Américains grâce à Minas Kaloosian et Jeff Kelley, deux amis d'enfance originaires du sud de la Californie, qui ont été initiés au plat par des amis canadiens l'an dernier.

Washington est un réel plaisir pour les amateurs de cuisine de rue, avec ses douzaines de «food trucks» qui chaque jour arpentent les rues du centre-ville pour servir à manger aux travailleurs, le midi, puis à la faune nocturne, à la sortie des boîtes de nuit ou des enceintes sportives.

Au fait de la vive concurrence, MM. Kaloosian et Kelley cherchaient à proposer quelque chose d'unique lorsqu'ils ont ouvert leur propre cuisine ambulante.

Lors d'un séjour au Canada, l'an dernier, ils ont demandé des idées à des connaissances de Calgary. Peu après, les «Wonky fries» étaient nées.

«Nous voulions quelque chose de vraiment caractéristique, et nous leur avons demandé qu'est-ce qui était caractéristique de la nourriture canadienne», a raconté M. Kelley, âgé de 35 ans.

«Nous sommes donc sortis, nous en avons pris et nous sommes littéralement tombés amoureux de ce plat. On s'est dit: "Wow, il faut qu'on fasse ça". Ils nous ont montré comment bien préparer (la poutine) et nous avons passé pas mal de temps à nous assurer que nous la faisions de façon authentique.»

La poutine demeure une rareté à Washington, où seulement une poignée de restaurants l'ont inscrite au menu, incluant deux pubs de différents quartiers du centre de la ville.

Ailleurs aux États-Unis, des variations de la poutine peuvent être trouvées dans les États frontaliers du Canada, en particulier du côté du Québec et du Nouveau-Brunswick.