Des centaines de Danois, bravant un froid glacial, ont fêté le retour au pays de La Petite Sirène, statue symbole de Copenhague qui a passé huit mois en Chine où elle était la principale attraction du pavillon danois à l'exposition universelle de Shanghai.

Drapeaux à la main, petits et grands ont acclamé samedi la réinstallation solennelle, sur un air de trompettes, de la Petite Sirène à l'entrée du port de Copenhague, qu'elle avait quittée en mars dernier pour le premier voyage de son histoire.

«Même si on a été fier de t'envoyer découvrir le monde, tu nous as manqué, Copenhague, le Danemark et des touristes du monde entier se sont ennuyés de toi», a déclaré dans un discours Frank Jensen, le maire la capitale danoise, avant d'offrir une fleur rouge, «sa couleur préférée», à l'héroïne du conteur de Hans Christian Andersen.

Le départ de la statue pour Shanghai avait soulevé de vifs débats à la mairie de Copenhague, propriétaire de la Petite Sirène, dont la majorité des habitants étaient opposés à sa longue absence, et jusqu'au Parlement.

«C'était un choc pour beaucoup de gens qui venaient te rendre visite de voir que tu n'étais plus sur ton rocher», a reconnu M. Jensen, qui dit avoir reçu «un grand nombre de courriels de personnes préoccupées et de commentaires sceptiques» au sujet de la décision controversée d'envoyer la Petite Sirène en dehors de la mère-patrie.

La sculpture a été remplacée le 1er mai, au moment de l'ouverture de l'exposition de Shanghai, par une installation vidéo du grand artiste chinois Ai Weiwei, permettant aux touristes de voir en direct sur écran géant la Petite Sirène trônant sur son rocher au milieu d'un bassin dans le pavillon danois de la mégalopole chinoise.

«Elle a laissé un grand vide» a constaté Lene Hansen, une octogénaire, «qui a l'habitude de venir tous les jours sur la promenade du port pour la saluer».

«Je suis vraiment heureuse et je ne le cache pas, de la revoir enfin après une si longue absence, et je ne le suis pas la seule», confie-t-elle.

Venu avec son petit-enfant, Viggo 3 ans dans sa poussette, Bo Mikkelsen cuisinier, est tout aussi «réjoui» par son retour car elle est «notre symbole et un des joyaux du patrimoine du Danemark».

Opposée à son départ, Lone Petersen, retraitée, est «soulagée» en voyant la statue délicatement déposée sur son rocher par une grue, à quelques mètres du rivage.

«Je n'ai jamais compris la décision déraisonnable de la mairie», dit-elle, car «la place de la Petite Sirène est ici, ni à Shanghai ni ailleurs». Elle raconte avoir rencontré «notamment en été, un grand nombre de touristes interloqués et déçus de ne pas la voir».

Mais pour le maire de Copenhague «c'était une très bonne idée de l'envoyer là-bas, car on ne pouvait rêver de meilleur ambassadeur pour Copenhague et le Danemark». La statue a joué le rôle d'«aimant» pour le pavillon danois à Shanghai fréquenté par 5,5 millions de visiteurs, autant que la population danoise.

Un avis partagé par le ministre de l'Économie, Brian Mikkelsen, «satisfait par la contribution précieuse» de la Petite Sirène au succès du pavillon danois en Chine, où elle a des millions d'admirateurs.

La sculpture de bronze d'Edvard Eriksen, de 175 kilos et de 1,65 mètre de haut, est depuis sa création en 1913 une des grandes attractions touristiques du royaume scandinave.

Renversée, décapitée, amputée d'un bras, cible de multiples autres agressions depuis les années 1960, elle a eu une vie mouvementée, au gré de l'actualité. Elle a été aussi déguisée en musulmane voilée d'une burqa, aspergée de peinture rouge, rose, verte, ou dotée de jouets sexuels.

Inspirée par le conte d'Andersen du même nom, elle avait été commandée en 1909 par le fils du brasseur de la bière danoise Carlsberg, Carl Jacobsen.