Par un dimanche matin humide, Tammy fait un petit jogging pour effacer quelques écarts alimentaires récents: la scène qui se déroule en banlieue de la capitale américaine serait d'une banalité absolue si la sportive en question n'avait pas... quatre pattes.

Sa maîtresse, Marika Krausova, se félicite: la chienne qui était «un peu rondelette» avec ses 23 kilos a déjà perdu près de deux kilos depuis qu'elle a entamé un programme minceur avec une dizaine de ses congénères et leurs maîtres.

«Nous courons pour qu'elle puisse perdre du poids progressivement», explique Mme Krausova après l'effort de son berger, dans un parc d'Alexandria (Virginie, est).

Ces sportifs à quatre pattes et leur maîtres sont à l'avant-garde d'un combat destiné à améliorer l'hygiène de vie des canidés, de plus en plus sujets à des problèmes d'obésité.

Dans un pays où 68% de la population est en surpoid ou obèse, les fidèles compagnons de l'homme souffrent des mêmes problèmes que leurs maîtres: une vie trop sédentaire et un mauvais régime alimentaire.

Comme pour l'homme, les initiatives destinées aux animaux de compagnie fleurissent aux Etats-Unis: camp minceur, compétitions sportives, séance de fitness, etc.

«Cela m'attriste quand les gens ont des chiens en surpoid», dit Jeff Lutton, propriétaire d'une animalerie à Alexandria, qui organise ce programme minceur pour chiens près de la capitale.

Selon une étude des Centres de contrôle des maladies (CDC) datant de 2006, jusqu'à 41% des chiens américains seraient en surpoids, des chiffres que certains experts jugent très optimistes.

Pour Nina, fruit d'un croisement entre un bulldog et un pitbull, le programme minceur semble efficace. La chienne «est l'une des plus flemmardes de la terre, mais être avec d'autres chiens la motive», se réjouit son propriétaire JP Dhillon.

Selon Carol Brooks, co-propriétaire de DogOnFitness, qui vend des programmes sportifs pour chiens, les problèmes de poids des chiens sont liés au fait que de nombreux maîtres sont obligés de laisser leur animal à la maison pour aller travailler, les privant du même coup d'exercice. Ils rentrent fatigués et avec un sentiment de culpabilité et se dédouanent en offrant une douceur à leur compagnon.

«Quand je vois un maître en surpoids, on peut être sûr que son chien le sera aussi», affirme-t-elle.

Pour Ernie Ward, vétérinaire en Caroline du Nord, qui a écrit un livre sur l'obésité canine et fondé l'Association pour la prévention de l'obésité des animaux de compagnie, le problème nécessite un effort sur plusieurs fronts.

«L'obésité est désormais le principal problème de santé qui menace les animaux de compagnie aux États-Unis», dit-il. Faire de l'exercice est important, mais ne peut résoudre seul le problème.

«La clé, c'est le régime alimentaire. Nous nourrissons nos chiens comme nous nous nourrissons», a-t-il expliqué à l'AFP, dénonçant le fait que «les fabricants surchargent les aliments (pour chiens) avec des graisses et du sucre».

Selon lui, le phénomène de l'obésité canine, qui comme chez l'homme cause un risque accru de problèmes de santé, comme l'arthrite, le diabète, des troubles cardiaques ou des cancers, n'est pas cantonné aux Etats-Unis. Il se répand aussi en Asie, au Canada et en Europe.

«Même à Paris et Nice, on commence à voir des chiens et chats plus ronds», déplore-t-il. «Si on regarde qui fabrique les aliments et friandises pour chiens, on constate que ce sont les Etats-Unis qui exportent leurs problèmes d'obésité»