Un lion qui déchire un sac en papier bourré de foin et de viande, des girafes qui mâchouillent de vieux sapins de Noël, des ours noirs d'Asie qui font leurs griffes sur des fûts de bière vides.

L'hiver qui vient de s'achever a été, à n'en pas douter, actif pour les animaux de zoo et le programme promet d'être tout aussi chargé au printemps. Mais il ne s'agit pas d'un spectacle: les responsables de zoos estiment en effet que les jeux et autres activités sont essentiels pour maintenir les animaux en bonne santé physique et mentale hors de leur milieu naturel.

De fait, ces «programmes d'enrichissement» correspondent à un changement général dans la philosophie des zoos depuis quelques années.

Il n'y a pas si longtemps, les zoos considéraient que garder les animaux vivants et en bonne santé revenait à leur servir de la nourriture dans des bols et leur ménager des activités physiques limitées afin d'éviter les blessures. Par temps froid, les animaux étaient maintenus hors de leur enclos, dans des bâtiments chauffés où ils n'avaient pas grand-chose à faire.

«Mais dans notre volonté de les garder en bonne santé, nous sommes presque parvenus à les rendre malades», affirme Tim French, directeur adjoint des programmes pour animaux au Parc zoologique Roger Williams à Providence (Rhode Island). «Les animaux de zoo avaient pratiquement tous tendance à prendre du poids. Les problèmes de comportement étaient encore plus graves, parce qu'ils étaient oisifs à la fois physiquement et mentalement».

Désormais de nombreux zoos dans le monde possèdent de tels programmes de développement au profit de leurs pensionnaires. Dans les zoos de Nouvelle-Angleterre, par exemple, par temps froid les zèbres courent autour de bonhommes de neige, les tigres sautent à travers de vieux pneus à proximité de rochers chauffés et les singes déchirent des bandes de papier pour s'amuser et se stimuler dans des enclos à température contrôlée.

Au Parc zoologique Franklin de Boston, les gardiens ont imaginé de nourrir les gorilles en leur jetant de la nourriture depuis le plafond de leur espace intérieur fermé. Les aliments tombaient à travers la zone forêt tropicale de l'enclos, obligeant Gigi et les autres gorilles se déplacer pour chercher de quoi manger comme ils l'auraient fait en liberté.

Près de là, les gardiens de zoo ont donné à Priscilla le phacochère une boîte bourrée de délicieuses pommes de terre et de carottes. Il a fallu plusieurs minutes à Priscilla pour déchirer la boîte afin d'obtenir les friandises. «C'est comme ouvrir un cadeau de Noël», s'enthousiasme Jeannine Jackle, responsable adjointe de l'enclos tropical. «Ca rend le repas amusant».

Au Parc zoologique Roger Williams, les soigneurs maintiennent occupés George et Grace, un couple d'ours noirs d'Asie, en plaçant un fût de bière vide dans leur enclos. L'odeur de la bière attire les ours, tout comme celle du cerf qui a été imprégnée sur le fût. Les ours s'occupent à griffer et lécher le conteneur. «Ils adorent ça», affirme Al D'Ercole, un gardien.

Mais ces programmes ne se résument pas aux jeux. On peut aussi distraire l'animal avec un jouet, au lieu de l'endormir, afin de pouvoir lui administrer des soins.

C'est ainsi que les employés du Parc zoologique Franklin s'occupent de leur lion, Christopher, 15 ans. Charlotte Speakman, gardienne en chef, explique ainsi que les employés posent un rondin de bois parfumé suffisamment près de la porte de l'antre pour que sa queue pendante dépasse. Les gardiens peuvent alors injecter des médicaments ou des vaccins dans la queue. Après ces traitements, le félin peut à sa guise rester dans sa pièce d'intérieur ou s'aventurer à l'extérieur et se reposer sur son rocher chauffé. AP