Cheveux blonds platine et costume blanc, le faux pasteur Billy profite de l'affluence dans les grands magasins pendant le week-end de Thanksgiving, qui marque le début des achats de fin d'année aux Etats-Unis, pour prêcher une nouvelle solution à la crise: «Arrêtez d'acheter».

Le révérend Billy n'est pas un vrai pasteur et son Eglise du «Stop shopping» n'est pas une vraie Eglise.Mais le faux homme de foi, William Talen, diffuse année après année un message qu'il juge bien authentique en ce week-end de Thanksgiving, où les Américains se ruent dans les grands magasins pour profiter d'importants rabais avant les fêtes de fin d'année.

Entouré d'une fanfare et d'une «congrégation» d'une centaine de personnes, dont beaucoup sont habillés en elfes verts, le «révérend» Billy danse sur une place de New York pour promouvoir «le Jour où l'on n'achète rien».

Ses partisans veulent lancer cette journée samedi en dehors des Etats-Unis.

Sur le territoire américain, le militant a choisi le «vendredi noir», au lendemain du jeudi férié de Thanksgiving, connu pour son affluence record dans les grands magasins, bien souvent même avant l'aube.

«Arrêtez d'acheter, et dansez maintenant !», clame-t-il sous le regard de policiers perplexes et de passants amusés.

Le faux pasteur et sa congrégation aboutissent devant un Starbucks Café, bête noire des anticapitalistes.

«Mes amis», exhorte le «révérend», les bras écartés et les mains tournées vers le ciel comme s'il prêchait, «mes amis, boycottez Starbucks!». Les elfes joignent sa prière: «Boycottez Starbucks, boycottez Starbucks!», scandent-ils d'une seule voix.

Dans un pays où les dépenses de consommation comptent pour les deux tiers de l'activité économique, magasins et autres galeries commerciales sont le moteur de l'économie. Et le week-end de Thanksgiving, qui démarre avec le «vendredi noir», est crucial pour les commerçants, en particulier cette année où les prix ont été partout cassés pour attirer des clients refroidis par la crise.

«Les chaînes et les centres commerciaux financés par Wall Street isolent et font souffrir nos familles et font souffrir notre planète», explique «le révérend» Billy à l'AFP.

«On ne peut pas bâtir une société sur le consumérisme», dit-il.

Beth Sopko, une membre de la fanfare de 46 ans, juge que «peut-être maintenant les gens comprendront que faire des courses n'est pas du tout salvateur».

Autour d'eux, les New Yorkais font leurs emplettes sur le marché de Noël de Union Square, sans prêter beaucoup attention à cet étrange révérend.

Cependant, certains expriment leur sympathie.

«On nous bombarde en permanence des messages disant qu'acheter davantage nous fait nous sentir mieux, mais c'est faux», souligne Ben Grosscup, 26 ans, un militant de l'agriculture biologique du Minnesota (nord) venu voir ses parents à Manhattan.

Au premier coup d'oeil, la New-yorkaise Barbara Williams, 57 ans, pensait que la fanfare du pasteur Billy était une animation de Noël. Mais elle reconnaît que le message est fondé. Cette ancienne enseignante, qui a perdu son emploi en raison de la crise économique, prêche «pour la modération en toutes choses».

«C'est vrai que nous sommes tentés d'acheter des choses dont nous n'avons pas besoin», dit-elle. En même temps, «on ne peut pas vraiment s'arrêter de consommer, n'est-ce pas?»