Le débat fut intense, excitant, cru, voire pervers. Du moins pour ceux qui ont suivi le dernier affrontement télévisé McCain-Obama sur les écrans du Musée du Sexe de New York, qui a organisé mercredi une soirée spéciale pour l'occasion.

«Que rêver de mieux que marier le sexe et la politique, les deux choses dont on n'est pas censé parler en public», s'extasie Simone Betz, l'un des 200 visiteurs nocturnes du musée qui ont tenté de se concentrer sur la politique pendant 90 minutes.

Les soirées débat ne manquent pas à New York, mais au «Museum of Sex» il n'était pas facile de fixer son attention sur les propos de John McCain et Barack Obama discutant crise financière, éducation et assurance maladie.

A côté des écrans retransmettant le débat, une exposition sur la vie sexuelle des animaux diffusait des images torrides de pandas en pleine action et de cannibalisme sexuel chez le lézard à queue en fouet.

À l'autre bout de la salle, le Musée présentait des inventions, bien humaines celles-là, avec une sorte de chaise de dentiste équipée d'un pénis grandeur nature et une collection de fouets. Ces derniers objets rappelaient la petite phrase de M. McCain qui s'est fait fort dimanche de «fouetter le vous-savez-quoi» de son adversaire lors du débat.

«Notre pays est dans un tel pétrin qu'il est bon de s'amuser un peu en pensant au sexe», se justifie Simone, 37 ans, en s'efforçant de détourner les yeux de la chaise de dentiste. «Ca vaut mieux que de penser à l'effondrement de l'économie et à la pauvreté dans laquelle nous allons tous tomber».

Les huées destinées à McCain et les hourras pour Obama montraient que les lieux n'étaient pas acquis au parti républicain.

«Obama a remis du sexe dans la politique», jubilait Jennifer Wright, une jeune femme aux ongles vernis de noir et habillée d'une longue robe rouge.

L'artiste Molly Crabapple a profité de l'occasion pour présenter sa dernière toile, baptisée «Politics.»

Le tableau représente une orgie d'argent et de sexe dans laquelle un éléphant rouge, symbole du parti républicain, enfourche un âne bleu, la mascotte des démocrates.

L'artiste a expliqué qu'elle avait peint son oeuvre il y a deux mois, avant d'imaginer que son héros, Barack Obama, puisse l'emporter le 4 novembre. «Si je la repeignais aujourd'hui, je mettrais l'âne au-dessus», a-t-elle observé.

D'autres visiteurs semblaient inquiets pour les chances du candidat démocrate en dépit de son avance dans les sondages.

«Obama est en tête, mais que feront les gens quand ils seront dans l'isoloir?» se demande Eilleen Sharaga, en tentant de détourner le regard d'une vidéo sur la masturbation. «Je suis très très inquiète».