Les jours de match, les clameurs et chants des supporteurs d'Hambourg dégringolent jusqu'au cimetière d'Altona, en contrebas du stade. Depuis mardi, une section y est réservée aux supporteurs qui veulent rester à jamais tout près de leur club de football.

Carsten Kache n'a que 32 ans, mais il sait déjà à quoi ressemblera son dernier voyage.

«Dans un cercueil blanc et bleu, entouré par six amis supporteurs, trois portant des maillots blancs, trois des maillots bleus», explique ce boulanger de Kaltenkirchen (nord) qui se présente comme l'un des supporteurs les plus acharnés du HSV.

Alors que les responsables du club inaugurent officiellement le premier cimetière en Europe réservé exclusivement à des supporteurs de football --il en existe déjà un en Argentine pour les fans de Boca Juniors--, Carsten arpente les allées censées rappeler les gradins du stade, la Nordbank Arena, qu'on devine entre les arbres à une dizaine de mètres de là.

«Je peux m'imaginer être enterré ici. Ce club est ma vie, car quand tu n'as rien d'autre dans ta vie, le HSV remplit tous les vides», assène ce grand gaillard qui arbore dans ses cheveux une mèche bleue et sur les bras deux tatouages représentant le blason de son club fétiche.

Cercueils bleus

Comme Carsten, ils sont beaucoup à s'imaginer rester dans l'au-delà au contact avec le sextuple champion d'Allemagne, actuellement deuxième de la Bundesliga.

«On a reçu déjà des dizaines de demandes d'informations et on s'attend à ce que l'intérêt explose maintenant que le cimetière est officiellement ouvert», savoure Thomas Amm, le directeur de la société Clasen.

Sa société est l'une des trois entreprises de pompes funèbres à avoir obtenu du club une licence pour proposer des produits funéraires estampillés HSV.

Cercueils bleus, urnes funéraires et stèles portant le losange symbolique blanc, arrangement floral représentant un ballon, un maillot ou encore des chaussures de football, trompettiste jouant les chants entonnés par les supporteurs durant les matches, «tout est possible», assure M. Amm.

A terme, la section du cimetière d'Altona laissée jusque-là à l'abandon, devrait accueillir entre «300 et 500 sépultures», explique Christian Reichert.

Forfait «Une-deux»

Ce membre du directoire du HSV a mis trois ans pour boucler le dossier, dont une année de travaux d'un montant de 50 000 euros pour donner au cimetière son ambiance football. La pelouse est prélevée sur celle du stade et un portique d'entrée en béton noir représente un but de football aux dimensions réglementaires.

«Nous ne faisons pas cela pour l'argent, mais dans l'intérêt de nos supporteurs qui sont nombreux à réclamer que leurs cendres soient dispersées sur le terrain comme cela se fait en Angleterre, ce qui est interdit en Allemagne», note le dirigeant.

«Nous veillerons à ce que le bon goût et l'atmosphère de recueillement nécessaire soient toujours préservés», assure M. Reichert.

Le forfait le moins cher, baptisé «Equipe», coûte 2419 euros pour une concession de 25 ans, et le plus cher, «Une-deux» pour deux personnes, s'élève à 10 556 euros.

La première mise en terre aura lieu la semaine prochaine.

A 82 ans, dont 57 à soutenir «son» club pour le meilleur et pour le pire, Ernst Schmidt a décidé de se faire enterrer un peu plus loin.

Pas parce que l'endroit ne lui plaît pas, bien au contraire, mais parce qu'il a perdu son épouse en 2003 et qu'il veut être inhumé à ses côtés: «Si elle avait été encore là, je suis sûr qu'elle m'aurait donné son accord pour que je sois enterré ici», sourit-il, perdu dans ses pensées.