Pendant que la criminalité est en forte hausse à Montréal, les effectifs du SPVM, eux, sont en baisse, démontre le rapport annuel du corps policier. Malgré les efforts pour stimuler le recrutement, le nombre des postes vacants a atteint un sommet en 2022.

Un financement de 225 millions du ministère de la Sécurité publique avait été octroyé en août au SPVM pour pallier le manque d’effectifs. 2022 s’était soldé par 207 embauches par le corps policier, mais 242 départs. L’embauche d’au moins 310 nouveaux policiers est le nouvel objectif fixé pour 2023. « Le recrutement est l’une des grandes priorités du directeur Fady Dagher. Notre équipe de recrutement fonctionne à plein régime », a affirmé l’inspecteur David Shane, porte-parole du SPVM lors du dévoilement du rapport d’activités de l’année dernière.

Plusieurs initiatives de cette équipe de recrutement sont mises en place. À la demande du directeur Fady Dagher, le service a indiqué avoir élargi le recrutement qui vise les gens détenant une expérience ou une formation dans le domaine social. Le corps policier a également obtenu une autorisation auprès du gouvernement provincial pour augmenter le nombre de postes réservés aux candidats détenant une attestation d’études collégiales, qui est passé de 30 à 131.

« On veut aussi améliorer les conditions de travail et rendre le SPVM plus attractif », a indiqué le porte-parole. Il salue la nouvelle entente de convention collective, qui offre aux policiers une hausse salariale d’environ 19 % sur 5 ans.

Selon le responsable de la sécurité publique de la ville de Montréal Alain Vaillancourt, certains signes sont encourageants. Les 72 membres de la cohorte la plus récente de l’École nationale de police du Québec ont tous été embauchés par la Ville de Montréal. « Il y avait une peur qu’ils aillent ailleurs, mais ils sont tous venus à Montréal. Montréal est un endroit où ils veulent venir. »

« Après deux ans de vives pressions, Ensemble Montréal est soulagé que des mesures soient enfin prises pour remédier au manque criant d’effectifs, a affirmé le porte-parole de l’Opposition officielle Abdelhaq Sari dans une déclaration écrite. Ces recrues auraient dû être ajoutées il y a bien longtemps, car elles seront actives sur le terrain uniquement en 2024 alors que c’est maintenant que nous en avons besoin. »

Le manque d’effectifs serait un des facteurs ayant mené à une augmentation du temps de réponse moyen selon l’inspecteur Shane. Après s’être situé autour de 5 min 48 s entre 2018 et 2019, ce délai est passé à 6 min 10 s en 2022.

Crime en hausse

Montréal a connu une hausse des crimes en 2022. L’ensemble des infractions ont augmenté de 13,6 % par rapport à la moyenne des dernières années. La hausse de la criminalité « on s’y attendait », a réagi la mairesse de Montréal, vendredi, en marge d’une annonce. « Il n’y a pas de surprise dans la mesure où, post-COVID, et en voyant ce qui se passe dans d’autres métropoles ailleurs dans le monde, on s’attendait à ce qu’il y ait une augmentation de la criminalité. »

« Ceci étant dit, on prend cela très au sérieux. Et c’est pour ça que dans la dernière année, on a posé des gestes qui vont dans la direction de diminuer le plus possible la criminalité », a-t-elle ajouté. « On agit pour que ça descende. On veut que ça descende. »

Les crimes contre la personne recensés ont notamment connu une augmentation de 21,6 %. Ceci inclut les évènements avec coup de feu, dont la tendance est toujours à la hausse, malgré une baisse par rapport à l’année précédente.

Également inclus dans les crimes contre la personne, les agressions sexuelles recensées ont augmenté de 12 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Selon l’inspecteur Davide Shane, il faut cependant nuancer lors de la lecture de ces statistiques. « La hausse enregistrée pourrait être le reflet d’une augmentation des dénonciations de la part des victimes, suivant le mouvement MeToo, le travail de prévention et un lien de confiance qui s’améliore entre les enquêteurs et les victimes. »

Parmi les crimes contre la propriété, la statistique qui retient l’attention est l’augmentation des vols de véhicules à moteur, qui sont en hausse de 93 % en comparaison à la moyenne des cinq dernières années.

« Ensemble Montréal s’inquiète depuis deux ans du sentiment d’insécurité qui s’installe dans la métropole, a ajouté le porte-parole de l’Opposition officielle. Les données du rapport 2022 du SPVM démontrent que ce ressenti est justifié avec une augmentation des infractions criminelles contre la personne et la propriété. »

Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, La Presse