La Ville de Kirkland a mis à l’amende une citoyenne qui l’avait appelée afin de savoir comment déplacer une marmotte capturée dans une cage sur son terrain.

Plutôt que de l’aider, une inspectrice municipale s’est présentée à son domicile, a remarqué la présence de pièges à souris et lui a remis un constat d’infraction pour avoir doublement violé le règlement local contre la chasse et la capture d’animaux.

Il est interdit de « chasser ou d’installer une trappe ou un piège pour capturer un animal, sauf lorsque requis par la Ville pour le bien commun », indique le règlement de Kirkland. Tant la cage à marmotte que les pièges à souris violaient cette interdiction, selon l’inspectrice Jackie Cenci : marmotte et souris doivent être laissées en paix dans cette municipalité défusionnée de l’île de Montréal.

L’histoire s’est transportée devant la cour municipale. Plus tôt en mai, le juge Randall Richmond a décidé d’acquitter la citoyenne, Catherine Perras. Elle avait reçu une amende d’environ 150 $.

Le magistrat a déterminé qu’il n’était pas possible que le conseil municipal de Kirkland ait réellement voulu interdire la capture des marmottes et des souris avec son règlement.

« Je ne crois pas que la Ville voulait interdire les instruments humanitaires et sécuritaires comme celui dans lequel est entrée une marmotte chez Mme Perras », a écrit le juge Richmond.

« Lorsqu’elle a téléphoné à la Ville pour savoir ce qu’elle devait faire de la marmotte, la Ville aurait dû l’aider, plutôt que de lui remettre une contravention, a déploré le magistrat. Les marmottes et les souris sont des rongeurs. Les souris sont aussi de la vermine. En essayant de les éliminer, Mme Perras ne faisait que remplir l’obligation imposée par la Ville de Kirkland dans son Règlement […]. Pour la marmotte, elle a choisi un moyen humanitaire qui ne tue et ne blesse pas l’animal. »

Avoir « tout essayé pour faire fuir l’animal »

Malgré plusieurs tentatives, La Presse n’a pas pu discuter avec la citoyenne. Catherine Perras n’avait pas non plus répondu au constat d’infraction et ne s’était pas présentée devant la cour municipale de Montréal. Elle a été acquittée sans même se défendre.

La Ville de Kirkland, pour sa part, a promis de réfléchir à la possibilité de modifier son règlement dans la foulée du jugement Richmond.

« La Ville entend revoir prochainement certaines dispositions de sa réglementation à l’égard des animaux de la faune urbaine pour clarifier ses intentions à la lumière des réflexions que soulève le juge dans sa décision », a écrit la directrice des communications de la municipalité, Lise Labrosse, dans un courriel.

Pour l’instant, l’approche de la Ville de Kirkland consiste à enseigner aux citoyens des moyens d’éloigner les animaux plutôt que de les capturer, a-t-elle continué.

« La Ville sensibilise ses citoyens à l’importance d’utiliser des techniques d’effarouchement pour éloigner les animaux de leur propriété sans leur causer de tort, indique le courriel de Mme Labrosse. L’utilisation de la cage-trappe pour déloger un animal ne doit toujours être qu’en dernier recours et […] seules les cages-trappes fournies par la Ville sont permises, auquel cas, le citoyen doit être en mesure de prouver qu’il a, au préalable, tout essayé pour faire fuir l’animal. »