L’idée de faire circuler un tramway sur les terrains de l’hippodrome « fait rêver » la mairesse locale, qui vient de dévoiler qui construira le premier projet immobilier du futur quartier de 12 500 logements.

Le tramway, « j’aime bien ça comme idée », a dit Gracia Kasoki Katahwa, élue en 2021 à la tête de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Gracia Kasoki Katahwa, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

Il faut qu’on soit en mesure de rêver. Et je pense qu’un secteur comme Namur-Hippodrome […], c’est un endroit où on devrait se permettre de rêver.

Gracia Kasoki Katahwa, mairesse de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

Au cœur de l’enjeu : la connexion de cet immense terrain avec la ligne orange du métro via les stations Namur et de la Savane. Elle n’est pas la seule à avoir ce rêve. Fin avril, en Europe, le directeur général de Montréal, Serge Lamontagne, se disait « en amour avec le tramway » viennois, qui l’inspirait pour le développement de l’hippodrome.

Mme Kasoki Katahwa s’exprimait en entrevue téléphonique avec La Presse à l’occasion du dévoilement des résultats du premier appel d’offres pour un terrain de l’hippodrome. C’est un projet d’édifice de 200 à 250 logements proposé par l’organisme La Traversée qui a remporté le processus visant le secteur communautaire. La Traversée explique sur son site web qu’elle gère déjà un parc immobilier de 20 bâtiments, destinés notamment aux aînés et aux populations vulnérables.

Un autre appel d’offres, auprès du secteur privé, n’avait attiré aucune soumission, à la « surprise » de l’administration Plante. Selon les informations de La Presse, les promoteurs immobiliers n’avaient pas voulu formuler de proposition ferme sans savoir à quoi ressemblerait le quartier dans lequel ils s’inscriraient.

« On avance vite »

Le dévoilement du projet communautaire gagnant marque l’un des rares indices publics de progrès dans le dossier de l’hippodrome, 14 ans après la fin des courses de chevaux et 6 ans après le transfert du terrain à la Ville.

L’entente entre le gouvernement du Québec et Montréal prévoyait justement qu’elle pourrait être résiliée si la Ville ne commençait pas à céder des lots six ans après sa signature en 2017.

L’administration Plante ne craint toutefois pas que le gouvernement Legault déchire l’entente et reprenne le terrain.

« Pas du tout, a assuré Benoit Dorais, responsable de l’habitation au sein de l’administration Plante. On travaille de concert avec le gouvernement du Québec et ça va bien. On n’est pas du tout inquiets. On est là, on avance, on avance vite. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Benoit Dorais, responsable de l’habitation à la Ville de Montréal

Les gens nous disent que c’est long, mais oui, c’est long parce que c’est un coin complexe. On ne veut pas développer n’importe quoi dans ce coin-là.

Benoit Dorais, responsable de l’habitation à la Ville de Montréal

« Depuis le début de mon mandat, les gens ne le voient pas nécessairement, mais on travaille activement », a aussi assuré la mairesse d’arrondissement Kasoki Katahwa, qui dit insister sur l’importance d’inclure des équipements collectifs, comme des écoles et des centres sportifs, dans la planification. Elle ne veut « pas seulement un lieu où les gens viennent dormir, mais un lieu où les gens vont travailler », a-t-elle ajouté.

Pas « perfectionnistes à outrance »

Après avoir écarté le plan tout prêt de l’administration Coderre parce qu’il manquait de logement social et après six ans à préparer le sien, l’administration Plante prêche-t-elle par excès d’idéalisme dans ce dossier ?

« Je ne pense pas qu’on est perfectionnistes à outrance. Je pense qu’on est pragmatiques, a continué M. Dorais. On est pressés. C’est certain qu’on est pressés. Mais on doit s’assurer d’avoir les conditions favorables pour avancer. »

Pour l’élu, ce pragmatisme doit aussi s’appliquer au choix du mode de transport qui sera implanté dans le secteur.

« Le tramway, ça fait souvent rêver, ça, c’est sûr et certain », a-t-il dit, beaucoup plus prudent que sa collègue de l’arrondissement.

« On a vraiment à faire de bonnes analyses, à regarder les meilleures solutions. Je ne suis pas en train d’écarter le tramway, mais je ne suis pas en train de faire un plaidoyer pour le tramway qui ferait en sorte que c’est absolument la voie qu’il nous faut pour Namur-Hippodrome, a-t-il dit. Je pense qu’il nous faut la meilleure solution pour le développement d’un secteur. »