Malgré une aide gouvernementale et des dépenses réduites, la Société de transport de Montréal (STM) traîne toujours un manque à gagner d’environ 23 millions, qui sera toutefois pris en charge par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Le service pourra ainsi être bonifié sur certaines lignes de bus, au moment où l’achalandage stagne à 74 % du niveau prépandémique.

« Aujourd’hui, on est vraiment contents de pouvoir vous annoncer un budget qui est à l’équilibre », s’est réjouie vendredi la directrice générale de la STM, Marie-Claude Léonard, lors d’une conférence de presse.

À la fin du mois de février, alors que le trou budgétaire était toujours de quelque 78 millions de dollars, la STM avait annoncé un vaste « plan de réduction des dépenses non récurrentes » d’environ 18 millions. Le manque à gagner avait alors été réduit autour de 60 millions.

Puis, en mars, l’aide de 400 millions attribuée par Québec a permis à la Société « d’aller chercher un montant additionnel de 26,5 millions », aide à laquelle s’ajoutent un peu plus de 10 millions d’économies faites par « diverses mesures d’optimisation du service » ces derniers mois, notamment dans le métro, où le service a parfois été réajusté à la baisse.

Le résultat : « Ça nous donne une somme résiduelle d’environ 23,2 millions », a expliqué Mme Léonard. « Or, maintenant, ce montant-là va devenir un risque financier qui sera sous la gouverne de l’ARTM. […] Autrement dit, si ce risque se matérialise, il ne sera pas à nos frais », a-t-elle détaillé. Cette entente est prévue au plus récent budget de l’Autorité, évalué à 3,03 milliards.

Plus de bus

Environ 75 lignes de bus de la STM bénéficieront donc bel et bien d’améliorations de service dans les prochains mois. De façon générale, le réseau aura une hausse de service d’environ 3 % par rapport à l’automne 2022.

Sur la ligne 18 – Beaubien, par exemple, on pourra ajouter entre 25 et 30 voyages, un bond d’environ 12 %. Jusqu’à 35 trajets de plus devraient aussi être rendus possibles chaque jour sur la ligne 24 – Sherbrooke, une augmentation de 15 %.

Pour la ligne 196 – Parc-Industriel-Lachine, ce sera entre 20 et 25 voyages de plus, une hausse de 20 %, et pour la ligne 211 – Bord-du-Lac, 5 à 10 trajets pour une hausse de 6 %.

D’autres lignes auront toutefois « des croissances plus modestes » équivalentes à entre 1 et 5 %, concède la STM. C’est le cas notamment de la ligne 470 – Express-Pierrefonds qui aura trois voyages de plus en pointe matinale en direction de la station Côte-Vertu. Cela représente une hausse relativement marginale de 2 % de l’offre quotidienne sur cette ligne.

Statu quo dans le métro

Pour le métro, toutefois, c’est le statu quo. L’offre de service « optimisée » qui avait été présentée en novembre pour éviter des coûts demeurera. Ainsi, le service demeurera intact sur la ligne bleue et la ligne jaune, mais sur les lignes orange et verte, les « réajustements » se poursuivront.

Sur la première, le service le plus rapide en heure de pointe est réduit d’une trentaine de minutes, pendant que sur la seconde, le passage entre chaque train est allongé d’une quinzaine de secondes en pointe.

« Dans le métro, le besoin se faisait plus ressentir au niveau de la sécurité et de la propreté. On maintient donc l’offre métro, mais la bonification se fait sur l’ajout de près de 60 ressources », a évoqué le président de la STM, Éric Alan Caldwell. Il faisait ainsi référence aux 60 constables spéciaux, préposés à l’entretien et « ambassadeurs de sûreté » qui seront embauchés pour améliorer la sécurité et la propreté dans le métro et dans les autobus, comme rapporté précédemment par La Presse.

Dans l’opposition, on déplore que « plusieurs questions planent pour le futur et les usagers restent plongés dans l’incertitude ». « La STM est incapable de nous dire si elle prévoit un déficit en 2024, si elle sera capable de soutenir cette hausse de l’offre de service et quelles stratégies elle prévoit employer », a regretté la conseillère Alba Zuniga Ramos, critique en transports.

En savoir plus
  • 74 %
    En date du 24 avril, l’achalandage dans les réseaux de la STM était d’environ 74 % du seuil prépandémique. « On est vraiment dans la fourchette prévue du 70-80 %. C’est de bon augure pour l’automne 2023. On s’attend à être dans la haute portion de cette fourchette », a expliqué Mme Léonard.