Avec un budget de 3 milliards, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) pourra bel et bien répondre « à 100 % des besoins » à court terme du transport collectif dans le Grand Montréal. Mais pour le reste, les opérateurs devront pour l’instant se contenter de réponses partielles à leurs demandes. Analyse en cinq points.

Qui aura quoi ?

Des 3,03 milliards budgétés par l’ARTM, la rémunération de la Société de transport de Montréal (STM) sera de 1,6 milliard, une hausse de 7,1 % pour les services et les infrastructures par rapport à 2022. Exo aura environ 469,3 millions (+ 6 %), tandis que le Réseau de transport de Longueuil (RTL) touchera 184,1 millions (+ 4,9 %). Au nord, la Société de transport de Laval (STL) recevra 173 millions (+ 5,4 %). L’ARTM estime ainsi répondre aux besoins pour maintenir les actifs en place, mais reconnaît que pour les « demandes additionnelles » des opérateurs en ajouts de services, qui totalisaient 95,8 millions en 2023, elle ne pourra fournir que 39,4 millions. Le niveau de service demeurera donc inchangé, ou presque, en 2023.

« Optimiser » les dépenses

Un constat semble d’emblée clair : il faudra continuer « d’optimiser les dépenses » et « mutualiser les forces », affirme le DG de l’Autorité, Benoit Gendron. En mars, son groupe avait notamment proposé la création d’« axes métropolitains à haute fréquence » pour diminuer les coûts. « On vise le mois de septembre pour livrer la faisabilité de chaque piste d’économie. Pour le reste, chaque opérateur a déjà un objectif de réduction qui lui a été donné, et qui est équitable », dit M. Gendron. Un plan d’action pour financer le transport collectif sur cinq ans est aussi attendu à l’automne, après les consultations menées par la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Des besoins encore grands

Malgré une aide gouvernementale de 340 millions qui a été « vitale » pour équilibrer son budget, l’ARTM traînera encore à moyen terme un manque à gagner de 500 à 600 millions. L’organisme évalue les besoins à « environ 3,5 milliards » dans les cinq prochaines années. « Le gouvernement contribue en ce moment à environ 48 % des dépenses globales du transport collectif dans le Grand Montréal, et sa volonté, c’est de revenir à environ 35 ou 36 %. Ça illustre la nécessité de trouver de nouvelles sources de financement », explique Benoit Gendron. D’emblée, une piste est exclue : augmenter déraisonnablement les tarifs aux usagers, « qu’on veut d’abord ramener en transport collectif ».

Et les revenus projetés ?

D’ici la fin de 2023, le transport collectif devrait générer un peu plus de 777 millions dans le Grand Montréal. Sans la pandémie, ce chiffre aurait été de 1,04 milliard. Il s’agit tout de même d’une hausse importante par rapport aux dernières années, marquées par les mesures sanitaires et de grands taux d’absence dans le métro. La taxe sur l’immatriculation, qui s’étendra au 450 dès janvier 2024, devrait rapporter au moins 125 millions annuellement à l’ARTM. « C’est certain que c’est significatif, ça viendra nous aider. C’est ce genre de leviers qu’il faut continuer de multiplier dans les prochaines années », conclut le directeur général.

L’impact du REM

L’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) risque d’aider l’industrie à relancer l’achalandage. Entre septembre et avril, le seuil d’achalandage prépandémique était de 71 % en moyenne, mais d’ici la fin de 2023, l’ARTM espère qu’il se situera entre 75 % et 80 %. Un facteur demeure inconnu : la fréquentation du REM. « Si c’est faible, ça va nous coûter moins cher, mais si c’est fort, on aura forcément un déficit résiduel un peu plus grand. C’est le seul facteur qui peut changer ; le reste est déjà prévu dans notre budget », explique M. Gendron. Pour 2023, il fixe le coût par kilomètre et par passager du REM à environ 75,3 cents.