Des constables et des chauffeurs de bus montréalais appellent à augmenter la surveillance dans le transport collectif, devant la hausse de la violence qui y est observée à travers le pays, à Toronto et à Vancouver notamment. La Société de transport de Montréal (STM) dévoilera d’ailleurs bientôt un plan d’action pour « renforcer » le sentiment de sécurité de ses clients et employés.

« On n’est pas encore dans la même situation que Toronto, mais oui, on voit déjà une augmentation de la violence. Ce qu’on voit dans les rues de Montréal, on le voit dans le métro et les bus aussi », témoigne le président de la Fraternité des constables et des agents de la paix STM-CSN, Kevin Grenier.

Depuis le début de janvier, de nombreux évènements violents se sont produits dans le réseau de la Toronto Transit Commission (TTC), comme l’a rapporté précédemment La Presse1. La sécurité y a d’ailleurs été fortement resserrée. En Colombie-Britannique, le syndicat des chauffeurs d’autobus de West Vancouver a aussi réclamé la semaine dernière un renforcement des mesures de sécurité, après une série d’évènements violents survenus dans les dernières semaines.

Si Montréal « n’est pas encore rendu au même stade, on devrait tout de même s’inquiéter, dans le sens où si on ne prend pas les choses en main, ça serait surprenant qu’on n’arrive pas à ça aussi », affirme M. Grenier. « Souvent, ce qui arrive à Toronto ou Vancouver, nous, on le vit quelques mois plus tard », estime-t-il.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Constables spéciaux patrouillant dans le métro de Montréal

Il suggère pour prévenir le pire que le nombre de constables et d’agents de surveillance soit « rehaussé » dans le métro et dans les bus montréalais. « Souvent, on parle de crimes d’opportunité, donc si on est là en nombre, c’est beaucoup plus difficile de commettre du harcèlement ou des voies de fait », songe le président.

La violence, poursuit M. Grenier, « est très différente d’avant la pandémie en termes de fréquence et de degrés ». « Il faut savoir s’adapter et agir de la bonne façon quand nous faisons face à des criminels ou à des personnes vulnérables à la recherche d’aide. Parfois, c’est complexe, et on peut ajouter à ça les problèmes de santé mentale et de consommation d’alcool ou de drogue. »

Des cabines « antiagression »

Pino Tagliaferri, président du syndicat des chauffeurs d’autobus de la STM, abonde aussi en ce sens. « Ce qui se passe à Toronto, ça pourrait se produire ici, il n’y a rien qui l’empêche. On entend de plus en plus d’histoires de violence partout au Canada et ici. C’est sûr qu’on est toujours un peu plus craintifs quand on se lève le matin pour venir faire notre boulot », révèle-t-il.

Son groupe dit d’ailleurs avoir entrepris des pourparlers avec la STM pour doter les autobus de « cabines antiagressions, afin de mieux protéger les chauffeurs d’autobus ». « C’est quelque chose à quoi il faudrait vraiment penser dans un avenir rapproché. À Toronto, c’est quelque chose qu’ils ont déjà. Et on ne comprend pas pourquoi ça n’a pas été fait chez nous », poursuit M. Tagliaferri.

Pour le reste, c’est sûr qu’il faut hausser aussi la sécurité dans nos installations, avec plus d’agents. Si on veut réduire le nombre d’incidents et d’agressions verbales ou physiques, ça passe par là.

Pino Tagliaferri, président du syndicat des chauffeurs d’autobus de la STM

À l’heure actuelle, on compte un peu plus de 160 constables qui parcourent les 71 kilomètres et 68 stations du réseau souterrain de la STM. L’an dernier, 17 d’entre eux ont quitté les rangs, sans être remplacés.

La STM « préoccupée »

La STM affirme de son côté qu’elle prépare actuellement « un plan d’action renforcé visant à renforcer le sentiment de sécurité et rassurer [ses] clients et employés ».

« [Ce plan] a été élaboré et fait présentement l’objet de validation auprès d’instances décisionnelles où siègent notamment des membres du conseil d’administration », indique le porte-parole de la société de transport, Philippe Déry, sans donner plus de détails.

Il réitère que plusieurs « phénomènes sociaux complexes exacerbés depuis la pandémie » sont « de plus en plus présents » dans le métro et les bus de Montréal.

« Nous sommes préoccupés par cette tendance et nous travaillons de concert avec le SPVM pour bonifier les actions déjà en place pour contribuer à assurer la sécurité des clients et employés », dit M. Déry.

En plus de 2000 caméras présentes dans le métro de Montréal, la société de transport rappelle que « 200 préposés à l’entretien ont été dotés de téléphones cellulaires à l’automne 2022 ». « Les chauffeurs peuvent également actionner un bouton sur la console pour une prise en charge plus rapide des situations d’urgence, notamment lorsque la sécurité est en jeu », rappelle Philippe Déry.

1. Lisez la chronique « La Presse à Toronto : carabines, machettes et anxiété dans les transports publics »