Un tronçon de la rue Sainte-Catherine est fermé pour au moins une semaine en raison du risque d’effondrement d’un bâtiment historique.

Les véhicules ne peuvent plus circuler sur le tronçon de l’artère commerciale situé entre le boulevard Robert-Bourassa et l’avenue McGill College, en plein cœur du centre-ville.

C’est le risque d’effondrement de l’édifice Jaeger (situé 682, rue Sainte-Catherine Ouest) qui entraîne cette fermeture, ont confirmé le gestionnaire de l’immeuble et la Ville de Montréal. Les deux bâtiments voisins – dont le Club Super Sexe – ont brûlé dans un gigantesque incendie en 2021.

La façade latérale de l’édifice Jaeger, à découvert pour la première fois depuis des décennies, menace maintenant de s’effondrer. L’immeuble avait lui aussi été endommagé par le feu, mais tenait toujours debout.

« Le bâtiment a des problèmes structurels que nous avons constatés avec nos conseillers en structure au début de la semaine. Nous avons entamé certaines démarches pour protéger le domaine public et pour protéger le public aussi », a dit André Jude, qui gère le bâtiment, en entrevue téléphonique.

« Nous avons agrandi la zone de sécurité aujourd’hui avec la Ville. Il y a d’autres protections qui vont être montées ce soir [vendredi] », a-t-il continué.

En début de soirée, la Ville de Montréal a indiqué que la fermeture durerait au moins « une semaine ». « Pour faciliter l’accès aux commerces, le trottoir du côté nord demeure accessible », a indiqué le relationniste municipal Gonzalo Nunez, par courriel. L’arrondissement a mandaté un ingénieur indépendant afin de déterminer les actions rapides qui devront être mises en place pour assurer la réouverture de la rue Sainte-Catherine et la sécurité du public.

M. Nunez a ajouté que ce sont les fonctionnaires de l’arrondissement de Ville-Marie (qui suivent « de près » l’état de cet immeuble) « qui ont demandé au propriétaire de fournir un rapport d’ingénieurs ».

« Inacceptable »

Par la voix de leur porte-parole, les commerçants du centre-ville ont exprimé leur colère face à cette situation. « On se désole de la situation qui est très préoccupante. On espère que tant les propriétaires que la Ville pourront sécuriser les lieux le plus rapidement possible pour réouvrir l’artère », a déclaré Glenn Castanheira, de Montréal Centre-Ville. « Passer […] une semaine avec une rue Sainte-Catherine bloquée, c’est inacceptable. » Sur les réseaux sociaux, il a ajouté que l’immeuble en cause était « négligé ».

Selon Héritage Montréal, l’édifice Jaeger possède une « magnifique façade néo-gothique en terra-cotta vitrifié de 1914 méconnue et mal entretenue ». « Le bâtiment est vacant depuis quelques années. Il est visiblement en défaut d’entretien. En mars 2023, des éléments de maçonnerie se détachent du bâtiment », ajoute le groupe sur sa plateforme.

André Jude assure que le bâtiment était dans un état « acceptable » jusqu’à l’incendie criminel. « Le bâtiment date du XiXe siècle, avec des modifications effectuées par des précédents propriétaires au début du XXe siècle », a-t-il dit.

Le 682, rue Sainte-Catherine Ouest appartient à une compagnie à numéro propriété du milliardaire Ben Ashkenazy, magnat new-yorkais de l’immobilier.

« Avec un portfolio de plus de 100 bâtiments évalués ensemble à 12 milliards, Ashkenazy Acquisition a un historique de performance supérieur en matière d’achat et de gestion d’actifs premium », indique son site internet. L’entreprise possède notamment le Forum de Montréal, avec des investisseurs locaux.