Trois ans après le premier confinement, La Presse a voulu voir comment se portait Montréal-Nord, l’arrondissement qui avait été le plus éprouvé par la pandémie, pour découvrir que le quartier était aux prises avec une nouvelle crise : l’arrivée massive de migrants.

D’une crise à l’autre

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Aux nombreux défis, dont la pauvreté et l’exclusion sociale, avec lesquels Montréal-Nord doit composer, s’ajoute aujourd’hui l’arrivée massive de migrants.

On sait que des migrants entrent au Québec par milliers par le chemin Roxham. On sait qu’ils sont logés quelques semaines par les services gouvernementaux. Mais où vont-ils après ? À Montréal-Nord. Une zone de la métropole déjà éprouvée qui peine à composer avec cet afflux.

Le quartier, au lieu de pouvoir panser les plaies de la pandémie, comme il est possible de le faire ailleurs à Montréal, doit composer avec une autre crise, celle des migrations internationales. Résultat, c’est pire qu’avant.

Aux problèmes déjà connus de pauvreté, d’exclusion sociale, d’emplois précaires, de logements surpeuplés et de manque d’espaces verts s’ajoutent la hausse du coût de la vie, la quasi-impossibilité de trouver un logement, l’arrivée massive de demandeurs d’asile et les ratés dans le traitement des dossiers.

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Des migrants traversent la frontière américano-canadienne par le chemin Roxham, le 27 octobre dernier.

En 2022, près de 60 000 demandeurs d’asile sont entrés au Québec de façon régulière et irrégulière. Combien sont à Montréal-Nord ?

« On l’ignore », répond Ousseynou Ndiaye, directeur de l’organisme Un itinéraire pour tous.

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Ousseynou Ndiaye, directeur de l’organisme Un itinéraire pour tous

Il y a des gens qui vont à Rivière-des-Prairies, à Saint-Michel, à Anjou. Ils se trouvent des points de chute temporaires chez un cousin, chez un ami. Mais le gros des troupes est à Montréal-Nord.

Ousseynou Ndiaye, directeur de l’organisme Un itinéraire pour tous

Pour avoir un portrait plus juste de la situation, l’arrondissement va réaliser une étude au printemps, en collaboration avec l’arrondissement voisin, Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Mais que les migrants se retrouvent dans l’un ou l’autre des arrondissements, le phénomène est le même. Ces nouveaux venus, démunis, iront là où les loyers sont les plus bas, c’est-à-dire dans des quartiers pauvres, et donc déjà fragiles.

Le pouvoir d’attraction de ces quartiers est tel que des intervenants du monde communautaire ont noté que des migrants qui avaient été envoyés en Ontario ont refait le trajet dans le sens inverse pour aboutir dans le nord-est de la métropole.

« On reçoit beaucoup d’appels de gens qui nous demandent comment ils peuvent revenir au Québec, rapporte Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti. Ils sont francophones, ils ont de la famille, des connaissances ici. Rien ne les empêche de revenir. »

« Des gens perdus »

Si on ne sait pas toujours où ils sont, leurs problématiques, elles, sont connues. Et la violence en fait partie.

« Des signalements à la DPJ, des cas de violence conjugale, c’est des choses qu’on n’avait pas l’habitude de voir dans le passé », témoigne Ousseynou Ndiaye.

« Ce sont des gens qui sont perdus. Après avoir traversé x pays, ils arrivent ici pour avoir une meilleure vie, ajoute-t-il. Mais ils ne sont pas capables de s’installer. Presque tout est bloqué. Il n’y a aucun service qui est accessible. Le processus pour avoir un permis de travail, par exemple, peut prendre facilement quatre mois, six mois, voire une année. Ce sont des gens qui tournent en rond. D’autres sont coincés dans des deux et demie, des un et demie. Ça, c’est la réalité qu’on vit. Et ça se voit tous les jours. »

Pas de logement

Trouver un logement à Montréal-Nord n’a jamais été aussi difficile. Le taux d’inoccupation est de 0,3 %.

« Le logement n’est pas dans notre mandat, mais on est obligés d’aider le monde », précise M. Ndiaye, qui est arrivé au Québec en 2007, après un séjour en France, où il a étudié en fiscalité et en comptabilité.

« Je ne suis pas un gars du communautaire, précise l’homme d’origine sénégalaise. Montréal-Nord, c’est par hasard. »

En 2012, M. Ndiaye a accepté un boulot d’adjoint au financement et à la comptabilité d’Un itinéraire pour tous, de façon à avoir un statut d’employé pour pouvoir obtenir un prêt hypothécaire pour la maison qu’il voulait acheter. Il comptait occuper cet emploi pendant quelques mois avant de retourner aux activités de son entreprise. Mais ce qu’il a vu l’a convaincu de rester.

Je n’ai jamais pensé dans ma vie que dans un pays qui s’appelle le Canada, une belle province comme le Québec, on pouvait voir autant de misère.

Ousseynou Ndiaye, directeur de l’organisme Un itinéraire pour tous

Au printemps 2020, quand l’arrondissement est devenu l’épicentre de la pandémie, son équipe, une brigade de bénévoles de Hoodstock et lui étaient sur le terrain, dans le secteur nord-est, reconnu pour la grande pauvreté sociale et économique de sa population, ainsi que pour la difficulté de mettre en œuvre les mesures sanitaires.

Brunilda Reyes, fondatrice de l’organisme d’aide alimentaire Les Fourchettes de l’espoir, constate, elle aussi, que les besoins sont aujourd’hui plus criants que jamais.

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Brunilda Reyes, fondatrice de l’organisme d’aide alimentaire Les Fourchettes de l’espoir

Avant la pandémie, il y avait des besoins, mais on pouvait y répondre. Aujourd’hui, on doit refuser des personnes. La clientèle qu’on reçoit est aussi différente. Depuis quatre mois, c’est beaucoup, beaucoup de demandeurs d’asile. Montréal-Nord, c’est leur terre d’asile.

Brunilda Reyes, fondatrice de l’organisme d’aide alimentaire Les Fourchettes de l’espoir

Un meilleur financement

Pour répondre aux besoins de cette population vulnérable, les organismes réclament un meilleur financement. L’administration municipale demande elle aussi aux gouvernements d’en faire plus.

« On est un des arrondissements les plus faibles en ressources humaines pour pouvoir venir en aide, déclare le maire suppléant, Abdelhaq Sari. Mais nos organismes aussi sont sous-financés en comparaison d’autres arrondissements. Si je compare Montréal-Nord à Villeray, par exemple, c’est le jour et la nuit. Les besoins sont pourtant plus criants ici. »

L’arrondissement a adopté le 6 mars un avis de motion pour soutenir les organismes du quartier et faire pression sur les gouvernements. « On n’avait pas l’habitude de voir autant d’itinérance sur notre territoire », dit Abdelhaq Sari.

On peut noter, chez les intervenants et les élus, un sentiment généralisé que Montréal-Nord est traité en parent pauvre et n’obtient pas le degré de soutien justifié par la gravité de ses problèmes.

Québec, qui a récemment accordé une aide d’urgence de 3,5 millions aux organismes communautaires qui viennent en aide aux nouveaux arrivants, a confié la gestion de ce fonds à Centraide du Grand Montréal. Qui aura droit à de l’aide et à quelle fin ?

« Centraide va encore injecter de l’argent, mais pas à la bonne place », croit Ousseynou Ndiaye, d’Un itinéraire pour tous.

« Actuellement, on donne à Jean, à Paul, à Albert, pour dire qu’on a donné de l’argent à Montréal-Nord. Mais est-ce que ceux qui reçoivent les sommes sont les vrais acteurs qui travaillent auprès des demandeurs d’asile ? Je vous dirais non à 90 %. Ces organismes ne seront pas capables de régler les problèmes de ces gens-là. »

Fatima Gabriela Salazar Gomez, de Hoodstock, est du même avis : « Les gouvernements doivent en faire plus. La répartition de l’argent n’est pas bonne. On devrait recevoir beaucoup plus d’argent à Montréal-Nord. Les budgets doivent se faire de façon plus équitable, et l’équité, ça passe par qui en a le plus besoin, et c’est nous autres. »

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Nomez Najac, de Paroles d’excluEs

Nomez Najac, de Paroles d’excluEs, ajoute : « Quand tu prends une population qui a des besoins criants, normalement, tu devrais mettre plus de budget pour diminuer les inégalités et permettre à tout le monde d’avoir les mêmes opportunités. Ce n’est pas le cas. »

« La Ville ne met pas ses culottes »

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Charles Edlin et sa petite famille paient 850 $ par mois pour un quatre et demie insalubre, duquel le propriétaire menace de les expulser.

« Le problème, c’est les demandeurs d’asile », glisse Jean Amos Lucien, dans le cadre de porte de son appartement, au 11 978, avenue Matte, au cœur du secteur le plus dense et le plus pauvre de Montréal-Nord.

« Le propriétaire m’a dit qu’il pourrait louer mon appartement 1000 $. »

M. Lucien, lui, paye 760 $ pour cet appartement, coquerelles incluses. Mais il ne veut pas partir, parce qu’il ne saurait pas où aller.

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Jean Amos Lucien, dans sa salle de bains

Dans la salle de bains, où il nous invite à le suivre, le plafond est abîmé par les infiltrations d’eau au-dessus de la douche et de la toilette. « Ça coule des fois sur ma tête », dit-il, en ajoutant que « c’est pire » dans l’autre appartement.

Ses voisins de palier sont partis en laissant la porte d’entrée entrouverte. « C’est pour permettre au propriétaire d’entrer faire les réparations », explique M. Lucien. À l’intérieur, c’est le capharnaüm. Le propriétaire n’effectue pas les travaux, affirme un membre de la famille : « Il veut qu’ils partent. »

Un cas connu

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Samania Clermont discute avec son voisin Jean Amos Lucien et Naomi Alexis, membre des « super voisines », des femmes du quartier qui offrent leur aide dans les immeubles où les besoins sont les plus criants.

Ce n’est pas mieux un étage plus haut, où Charles Edlin et sa conjointe, Samania Clermont, nous ouvrent la porte. Un quatre et demie loué 850 $ par mois. Eux aussi sont menacés d’expulsion par le propriétaire, même s’ils assurent payer le loyer.

  • L’appartement dans lequel habitent Charles Edlin et sa petite famille est infesté de coquerelles. Ici, une morte dans un placard de la cuisine.

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    L’appartement dans lequel habitent Charles Edlin et sa petite famille est infesté de coquerelles. Ici, une morte dans un placard de la cuisine.

  • Là, une qui se déplace sur le plafond de la cuisine.

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    Là, une qui se déplace sur le plafond de la cuisine.

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« Je gaspille mon argent et mon temps pour que le propriétaire fasse des réparations », dit Charles Edlin, qui range tous ses documents dans un grand cahier. « Mais il ne fait rien. »

C’est mal chauffé et il y a des coquerelles.

Samania Clermont, locataire, son bébé de 7 mois dans les bras

Le cas de ce propriétaire, Kismat Ara Begum, est pourtant bien connu des autorités municipales qui ont déjà inspecté l’immeuble à la suite de plaintes pour insalubrité.

En mars 2021, l’arrondissement a confié le dossier au Service de l’habitation de Montréal, qui « gère les cas les plus problématiques de salubrité », explique Marie-Ève Lemire, du Comité logement de Montréal-Nord.

Résultat ? Rien. « La Ville ne met pas ses culottes pour donner des constats d’infraction », constate l’organisatrice communautaire.

Pas de courrier

Même les facteurs de Postes Canada refusent d’entrer pour livrer le courrier dans l’immeuble. Cela dure depuis six mois.

« En septembre, nos employés ont exprimé des préoccupations en matière de santé et de sécurité et la livraison du courrier a été temporairement suspendue », confirme le porte-parole Janick Cormier.

« Notre comité de santé et sécurité a visité les lieux à plusieurs reprises et a demandé au propriétaire de l’immeuble de résoudre les problèmes soulevés à l’égard de sa propriété pour que nous puissions maintenir le service », ajoute-t-il.

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Fatima Gabriela Salazar Gomez, de l’organisme communautaire Hoodstock, aide Charles Edlin à trouver des solutions à sa situation.

« En novembre, après avoir été informés par le propriétaire que la situation était réglée, nous avons tenté de reprendre la livraison. Malheureusement, peu de choses avaient été faites pour répondre aux préoccupations initiales en matière de santé et de sécurité. »

En attendant, les locataires doivent récupérer leur courrier dans un bureau situé à 10 km de là. Un trajet d’au moins 40 minutes en transport en commun.

1200 $ pour un quatre et demie insalubre

Cela n’empêche pas le propriétaire, M. Begum, d’annoncer ses appartements à louer. Dans le hall d’entrée, où volent de petites mouches noires, celles qui éloignent les facteurs, il y a dans la fenêtre une pancarte « À louer », bien visible de la rue.

Quand nous avons appelé pour nous informer, on nous a dit que les appartements étaient déjà loués, mais de rappeler dans deux semaines. Le prix demandé ? « 1200 $ par mois pour un quatre et demie et 1500 $ par mois pour un cinq et demie », nous a-t-on répondu.

Le taux d’inoccupation est de 0,3 % pour l’ensemble des logements et 0,1 % pour les plus grands logements, à Montréal-Nord. Du jamais vu.

« Ç’a toujours été facile de trouver des logements à Montréal-Nord, assure Marie-Ève Cormier, du Comité logement. Mais aujourd’hui, on voit de plus en plus des augmentations de loyer de 200 $, 300 $ et 400 $ par mois.

« La pandémie a amené l’inflation et elle a rendu les ménages précaires encore plus précaires, ajoute-t-elle. À cause de la hausse des prix de l’immobilier et de l’embourgeoisement de plusieurs quartiers, plus de gens sont venus à Montréal-Nord. Ça met de la pression sur les ménages qui habitent ici. Et il y a des augmentations de loyer abusives, des reprises de possession, des évictions pour loger d’autres personnes. »

De son côté, le propriétaire de l’immeuble fait état d’occupation illégale et de difficulté de perception de loyers. « Si ce n’était pas bien, les gens ne resteraient pas », nous a dit la femme de M. Begum au téléphone.

Coup d’œil sur Montréal-Nord

85 000

Nombre d’habitants

47 %

Pourcentage des ménages de l’arrondissement dont le soutien principal est né à l’extérieur du Canada.

30 %

Proportion de jeunes de moins de 25 ans dans l’ensemble de la population du quartier (27,3 % à Montréal et 26,2 % au Québec).

20 %

Proportion de personnes âgées de 65 ans et plus (16,5 % à Montréal 20,7 % au Québec).

43 %

Pourcentage de la population qui appartient à un groupe de minorités visibles (30 % à Montréal).

72 %

Taux de ménages locataires dans l’arrondissement (61 % à Montréal).

Sources : Centraide du Grand Montréal, Montréal en statistiques

Un endroit où « construire demain »

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Fatima Gabriela Salazar Gomez, de Hoodstock, et la « super voisine » Naomi Alexis

Fille d’une demandeuse d’asile péruvienne, Fatima Gabriela Salazar Gomez a grandi à Montréal-Nord.

Elle a vécu quelques années sur le Plateau Mont-Royal, pendant ses études universitaires et le début de sa vie professionnelle. Mais, après avoir occupé un emploi en intelligence artificielle, elle a décidé de revenir. Pourquoi ? « Parce que c’est chez moi, ici », répond-elle. Les loyers sont aussi plus bas à Montréal-Nord que sur le Plateau – le sien est de 850 $ pour un cinq et demie dans un duplex –, et on peut encore rêver d’y acheter une maison.

Si pour beaucoup Montréal-Nord est un « ghetto » dont il faut s’échapper, pour Fatima, c’est un endroit où « construire demain ».

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Fatima Gabriela Salazar Gomez, chargée de projets pour l’organisme Hoodstock

C’est ici que j’ai envie de m’impliquer, d’améliorer les choses. Ce qui est super intéressant, c’est que j’ai l’impression d’avoir carte blanche. Tout est encore à créer. On a la possibilité de faire ça bien, pour répondre adéquatement aux demandes des gens qui vivent ici et qui vont vouloir rester.

Fatima Gabriela Salazar Gomez, chargée de projets pour l’organisme Hoodstock

À bientôt 30 ans, Fatima fait partie d’une nouvelle génération qui aime Montréal-Nord et qui veut travailler pour les gens qui l’ont adopté.

Chargée de projets chez Hoodstock, un organisme communautaire antiraciste, elle a été recrutée par Will Prosper, candidat défait aux élections municipales de 2021 à la mairie de Montréal-Nord. Elle aussi a tenté, sans succès, de se faire élire comme conseillère pour Projet Montréal.

Un jour, elle sera mairesse, dit-elle. « C’est mon rêve. »

Hoodstock, né du collectif Montréal-Nord Républik, créé dans la foulée de la mort de Fredy Villanueva, en 2008, compte sur une équipe de 15 personnes, « toutes des personnes racisées de parents immigrants », précise Fatima.

« Ça fait deux ans qu’on existe officiellement comme organisme. On est vraiment bébé. J’aime la mission de Hoodstock. C’est aussi des gens de ma génération. C’est le fun de travailler à un projet de société avec des gens du quartier. Pour moi, on est en train de créer quelque chose pour demain. J’ai envie de faire partie de ce projet. »

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Naomi Alexis, 43 ans, mère de cinq enfants et « super voisine »

D’octobre 2020 à mars 2021, en pleine pandémie, Hoodstock a mené un projet de collecte de données, nommé Immeuble à immeuble, pour connaître les difficultés des résidants. Fatima y a participé avant de lancer « super voisines » : des femmes du quartier qui vont offrir leur aide dans les immeubles où les besoins sont les plus grands.

« L’idée, c’est de créer des emplois et de communiquer de l’information, pour voir comment les gens vont, explique-t-elle.

Ce qu’on a compris, c’est que les gens ont une méfiance envers le système institutionnel et qu’ils ne connaissent pas l’offre de services.

Fatima Gabriela Salazar Gomez, chargée de projets pour l’organisme Hoodstock

Naomi Alexis, 43 ans, mère de cinq enfants, est une « super voisine » : « C’est vraiment difficile pour les gens, dit-elle. Tout coûte plus cher, le loyer et la nourriture. »

Fatima souhaite aujourd’hui élargir le territoire d’intervention de « super voisines ».

« L’insécurité alimentaire, ce n’est pas juste dans les immeubles, explique-t-elle. Ça peut être dans les duplex, les maisons. Il faut que les “super voisines” aillent cogner à toutes les portes, au sud du boulevard Léger. Mon rêve, c’est d’avoir des super voisines de toutes les ethnies. Je voudrais avoir une équipe de 20. Quand tu vois quelqu’un qui te ressemble, qui parle la même langue que toi, qui te dit “je te comprends, je suis déjà passé par là”, le lien de confiance se crée beaucoup plus rapidement. Et en même temps, c’est valorisant d’aider autrui dans ce cheminement. »

En savoir plus
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    Nombre de logements sociaux et communautaires à Montréal-Nord, en 2018, soit 2,7 % de l’ensemble des logements sociaux et communautaires de Montréal
    Source : Arrondissement Montréal-Nord
    149
    Nombre de logements sociaux et communautaires perdus à Montréal-Nord depuis 2014 Source : Arrondissement Montréal-Nord
    Source : Arrondissement Montréal-Nord