La mairesse de Montréal a condamné mercredi l’« absence » des services sociaux dans les efforts pour redonner du lustre au quartier qui entoure la place Émilie-Gamelin.

Les personnes en situation d’itinérance et les toxicomanes du coin ne reçoivent pas l’assistance nécessaire pour soulager leurs maux et, par le fait même, ceux du quartier, a plaidé Valérie Plante, aussitôt contredite par les principaux intéressés.

« Ceux qui ne sont pas autour de la table, c’est le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS), a déploré Mme Plante, en marge d’une conférence de presse. Moi, j’ai besoin de leur expertise, j’ai besoin qu’ils viennent enlever de la pression dans un secteur qui chauffe. » Mme Plante faisait référence au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Ce qui manque, ce sont des équipes pour soutenir les personnes vulnérables au niveau de la santé mentale, au niveau de la toxicomanie.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

« Il y a déjà eu des patrouilles d’infirmières dans les rues. Il n’y en a plus », a-t-elle continué.

Cette zone du centre-ville fait les manchettes depuis des mois en raison de la dégradation du climat social et économique qu’on y observe. Il y a deux semaines, le vaisseau amiral de la chaîne Archambault, installé coin Sainte-Catherine et Berri, a annoncé sa fermeture après plus de 100 ans dans le quartier.

Mme Plante a expliqué que la Ville avait tenu une réunion d’urgence afin de trouver des solutions à court terme. « On est en mouvement », a-t-elle dit. On doit aller plus loin et soutenir encore plus les commerçants. » Elle a fait valoir que la Ville investit et continuera à investir des millions dans le secteur.

Mais les services sociaux, eux, ne remplissent pas leur mandat dans ce secteur, selon l’élue, qui dit lancer « un appel du cœur ».

« Il faut que le CIUSSS – la Santé – déploie les services adaptés pour s’assurer que la cohabitation se fait bien. Et c’est ça qui manque en ce moment », a-t-elle dit.

« Nous ne pouvons pas forcer quelqu’un à utiliser un refuge »

Le CIUSSS du Centre-Sud ne l’entend pas de cette oreille. Sa réaction ne s’est pas fait attendre.

« Nous sommes surpris de cette déclaration alors que nous sommes déjà présents sur le terrain depuis des années afin d’intervenir directement, de manière novatrice, auprès des populations qui en ont besoin afin de faciliter leur accès aux services en santé mentale », a réagi le porte-parole Jean Nicolas Aubé par courriel. M. Aubé a fait une longue liste de comités et de tables de concertation auxquels son organisation participe.

« En itinérance et en santé mentale, la responsabilité du réseau de la santé est notamment d’offrir des soins et des services sociaux aux personnes qui en font la demande, ce que nous faisons », a-t-il ajouté.

Il est important de dire que nous ne pouvons pas forcer quelqu’un à utiliser un refuge, si cette personne ne le souhaite pas.

Jean Nicolas Aubé, porte-parole du CIUSSS du Centre-Sud

Le cabinet du ministre Lionel Carmant a préféré ne pas commenter le dossier.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a elle aussi critiqué la sortie de la mairesse.

« Remettre la faute sur le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal n’est pas la réponse à laquelle la population montréalaise, les commerçants du secteur, les organismes communautaires et les personnes les plus vulnérables s’attendent de la part de leur mairesse », a réagi l’élu Benoit Langevin. « J’aimerais rappeler à la mairesse de Montréal que la Ville a le devoir d’agir face aux enjeux qui concernent son territoire. »

Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) a applaudi la demande de la mairesse afin d’obtenir davantage de ressources, tout en refusant de tenir les sans-abri responsables des difficultés du secteur.

« S’il est certain que les besoins des personnes en situation d’itinérance doivent être abordés sous l’angle de la santé et non sous l’angle de la sécurité et de la répression, il faut quand même rappeler que la non-vitalisation du Village, qui ne date pas d’hier d’ailleurs, n’est pas le résultat de l’itinérance », a déclaré la porte-parole Annie Savage. Il faut faire attention à ne pas détourner le débat. »