L’administration municipale doit prendre des mesures pour contrôler la population de rats à Montréal, par exemple en introduisant des contenants fermés pour les ordures domestiques et les poubelles municipales, en bonifiant les brigades de propreté et en dératisant systématiquement lors de travaux sur le réseau d’égouts, selon l’opposition à l’hôtel de ville.

« Avec les enjeux de propreté, Montréal est devenu un buffet à volonté pour les 5 à 6 millions de rats qu’on a actuellement dans la ville », a dénoncé Aref Salem, chef d’Ensemble Montréal, mardi en conférence de presse. « Les rats sortent des égouts sans qu’on ait aucun contrôle. Ils fréquentent maintenant nos maisons, nos universités, nos parcs. »

C’est pourquoi l’opposition demande un plan concret pour que la Ville s’attaque au problème avant qu’il ne devienne hors de contrôle. M. Salem déposera une motion à ce sujet lors de la prochaine réunion du conseil municipal, le 20 février.

« On a affaire à un animal pas comme les autres », a expliqué Nathaniel Leavey, copropriétaire de la firme d’extermination Les Entreprises Maheu, qui participait à la conférence de presse de l’opposition. « Une femelle peut avoir environ 6 portées par année, environ 6 à 12 bébés par portée, donc 50 bébés par année. Un couple de rats pourrait engendrer 5000 individus par année, si les descendants à leur tour se reproduisent. »

M. Leavey fait état d’une augmentation considérable des appels de clients aux prises avec des rats en 2022.

Cette hausse coïncide avec l’interdiction sur le territoire de Montréal, pour des raisons environnementales, de 36 pesticides, dont 7 rodenticides utilisés par les exterminateurs pour empoisonner les rats.

Dernièrement, à la demande de l’industrie de la gestion parasitaire, la Ville a décidé de retirer l’un de ces poisons, la diphacinone, de la liste des produits interdits à l’extérieur. Les exterminateurs pourront donc recommencer à s’en servir à partir du 20 février.

«  Il y a beaucoup de laisser-aller »

Selon l’opposition, l’interdiction de ces produits par la Ville aurait dû s’accompagner de mesures visant à prévenir la prolifération des rats.

Il faut agir en prévention sur plusieurs fronts : dératiser dès qu’il y a des travaux sur le système d’égouts, sensibiliser la population et les commerçants et améliorer la propreté des rues, souligne Stéphanie Valenzuela, porte-parole de l’opposition en matière d’environnement.

« La propreté est un enjeu extrêmement important à Montréal en ce moment, dit-elle. Il y a beaucoup de laisser-aller de la part de l’administration Plante à ce sujet. Les rats peuvent trouver très facilement des poubelles qui débordent. Nous proposons donc de revoir le système de gestion des déchets, notamment en mettant des poubelles fermées partout, incluant dans les lieux publics et les parcs. »

L’opposition n’est pas nécessairement contre l’espacement toutes les deux semaines de la cueillette des déchets, comme cela se fait dans l’arrondissement de Saint-Laurent et dans certains districts de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, mais des bacs fermés devraient alors être exigés, puisque les sacs de poubelle peuvent être facilement déchirés par les rats.

Si la proportion de déchets compostés augmente, il devrait en principe y avoir moins de matières organiques odorantes dans les poubelles. Mais Aref Salem souligne que certaines ordures malodorantes ne peuvent être compostées, comme les couches pour bébés, les litières pour chats et les emballages de certains aliments.

La mairesse Plante « ouverte »

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on dit recevoir avec « grande ouverture » la motion de l’opposition, tout en affirmant que la Ville agit déjà pour contrer les rats

« Une stratégie est actuellement en place et implique l’utilisation de moyens variés, dont les moyens mécaniques, l’installation de poubelles fermées, l’application des normes entourant les chantiers et les efforts pour la propreté sur le domaine public, entre autres », indique l’attachée de presse Marikym Gaudreault.

Elle ajoute que les plaintes concernant la présence de rongeurs au centre-ville sont en baisse, mais que l’administration « ne baisse pas la garde pour autant ».

Lisez l’article « Montréal réautorise un poison contre les rats »