Un prolongement du REM de l’Est dans Rivière-des-Prairies permettrait d’augmenter de 20 % l’achalandage du projet, estime le comité piloté par Québec et Montréal dans son premier rapport préliminaire. Les prolongements vers Laval et Lanaudière attireraient toutefois moins d’usagers, mais la conversion d’une ligne exo à Repentigny présente un « potentiel intéressant ».

Le groupe de travail mis sur pied pour planifier l’aménagement du REM de l’Est a dévoilé vendredi son premier rapport préliminaire. Le comité a dû réviser ses prévisions, l’impact de la COVID-19 sur le transport en commun promettant de se faire sentir longtemps. L’achalandage étant encore inférieur à 75 % du niveau prépandémique, le comité anticipe qu’il faudra attendre 2030 pour revenir à la situation de 2019.

« Le prolongement potentiel dans le quartier de Rivière-des-Prairies jusqu’au boulevard Rodolphe-Forget, sur 4,2 km et 2 stations, s’avère significatif. L’achalandage additionnel est estimé à environ 4000 usagers qui utiliseraient les deux stations de ce secteur en période de pointe du matin, à l’horizon de 2036, ajoutant 20 % d’achalandage au projet de référence », lit-on dans le rapport rendu public vendredi, en fin d’après-midi.

Un possible prolongement vers Rivière-des-Prairies avait été évoqué pour la première fois il y a quelques mois seulement, en novembre dernier. Le tout se trouvait dans une carte de référence de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) incluse, sans tambour ni trompette, dans un appel d’offres.

La possibilité de prolonger le REM de l’Est vers Lanaudière ou Laval, elle, avait déjà été évoquée par François Legault le printemps dernier, au moment de la formation du nouveau comité et du départ de CDPQ Infra.

Or, un prolongement du REM de l’Est vers Laval se traduirait par « un ajout moins important d’usagers », notent les auteurs du rapport. « Dans le cas d’un prolongement dans l’axe de l’A25 sur 3,8 km et d’une station aux abords de cette autoroute, cette extension attirerait près de 1000 usagers additionnels, avec un stationnement incitatif. Dans le cas d’une extension vers le secteur de Saint-François sur 7,5 km, 3 stations et un stationnement incitatif, quelque 1800 usagers s’ajouteraient, en période de pointe », relatent-ils à ce sujet.

« Potentiel intéressant », mais…

Un prolongement vers Lanaudière à partir de l’antenne vers Pointe-aux-Trembles sur 19,7 km et 2 stations, ainsi que 3 gares existantes, ferait augmenter le nombre de passagers « de 1900 à un peu plus de 4000 ».

« Cet ajout de 2100 usagers demeure relativement faible par rapport aux autres composantes du projet compte tenu de la longueur du prolongement à construire et à exploiter », note-t-on dans le rapport. « Il est toutefois entendu que ce scénario ne sert qu’à évaluer théoriquement le potentiel d’achalandage dans cet axe, car l’intégration du mode de train léger ne peut techniquement pas être réalisée avec l’infrastructure actuelle du train de banlieue », rappelle-t-on.

Le comité parle toutefois d’un « potentiel intéressant » pour le prolongement de l’antenne vers Repentigny-Lanaudière. À ce stade, deux options seront évaluées : l’amélioration et l’interconnexion de la ligne exo5-Mascouche, ou l’intégration complète de la ligne au projet. D’après les projections, la conversion et l’intégration du train de la ligne exo5 au REM de l’Est, en supposant l’utilisation des gares existantes, feraient « doubler le nombre d’usagers de 1900 à plus de 4000 », soit un ajout absolu de 2100.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Geneviève Guilbault, ministre des Transports

Plus tôt, lundi, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, avait confirmé que le REM de l’Est ne sera pas en aérien dans Mercier-Est, mais qu’il le sera dans l’axe de la rue Sherbrooke. Dans l’axe du cégep Marie-Victorin, sur le boulevard Lacordaire, le souterrain est maintenu.

La ligne verte prête pour la pression ?

Ces derniers mois, Québec avait mandaté la Société de transport de Montréal (STM) pour examiner « les effets anticipés du projet sur le réseau de métro » et identifier « les éventuelles interventions à mettre en œuvre pour soutenir l’évolution de l’achalandage prévu ».

Dans son rapport d’analyse préliminaire, aussi rendu public vendredi, la STM affirme que « la ligne verte du métro dispose encore d’une capacité résiduelle significative qui devrait suffire pour au moins une dizaine d’années », précisant toutefois que le REM rendra « nécessaire d’accélérer le déploiement de nouveaux moyens pour augmenter la capacité ».

« L’acquisition de nouveaux trains de type BOA, nécessaires en 2036 au plus tard pour remplacer les MR-73 désuets, devrait permettre de répondre à l’augmentation de l’achalandage » engendrée par le REM, ajoute la société de transport.

Plus tôt cette semaine, La Presse avait révélé que l’exclusion du segment vers le centre-ville du REM de l’Est engendrerait une surcharge quotidienne de la ligne verte d’au moins 4000 passagers en heure de pointe1, soit 10 % de surplus par rapport à l’affluence normale. À la station Assomption, l’une des potentielles stations « d’arrimage » avec le REM, la hausse serait plus marquée : le nombre de passages en pointe matinale y bondirait de 2500 à 18 000, une augmentation absolue de 620 %.

Des consultations ouvertes et accessibles au public seront organisées sur le REM de l’Est d’ici le dépôt du rapport final, prévu en juin prochain.

Lisez l’article « Sans connexion au centre-ville, la ligne verte en voie d’être surchargée »