Les vols, particulièrement ceux de véhicules, sont en hausse marquée à Montréal depuis la fin de la pandémie, un phénomène amplifié par la pénurie de voitures neuves due à la pandémie, selon les autorités.

Lundi, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a publié des rapports de statistiques pour les crimes commis sur le territoire de chacun de ses 29 postes de quartier.

Ces données, compilées par La Presse, font état d’une hausse marquée du nombre de vols dans la métropole l’an dernier par rapport à 2021, particulièrement en ce qui a trait aux véhicules.

Pas moins de 7161 « véhicules à moteur » ont été dérobés durant les neuf premiers mois de 2022, une augmentation de 62 % par rapport à la même période l’année précédente.

La pénurie en cause

Selon le SPVM, ce phénomène s’explique en partie par la pénurie de véhicules engendrée par la pandémie.

« La pandémie de COVID-19 a causé d’importantes pénuries dans tous les secteurs de l’économie, partout dans le monde. C’est le cas pour l’industrie des semi-conducteurs, qui sont le principal composant des puces électroniques, ces pièces indispensables pour la fabrication des véhicules à moteur », indique le commandant Yannick Desmarais, dans un courriel transmis à La Presse.

« Conséquemment, le prix de ceux qui étaient déjà sur les routes a aussi beaucoup augmenté, ce qui les a rendus d’autant plus alléchants pour les voleurs », poursuit-il.

Selon le commandant Yannick Desmarais, les véhicules volés ne sont habituellement pas destinés au marché local de la revente.

En effet, l’opération serait trop complexe, notamment en raison des numéros de série, qui permettent aux autorités de les retracer au moment de leur immatriculation.

À Montréal, la majorité des véhicules volés seraient plutôt destinés à « l’exportation outre-mer », notamment en raison de l’emplacement stratégique du port, précise-t-il. Dans un autre cas de figure, le véhicule est démonté et ses pièces sont écoulées sur le marché illégal local.

Un modus operandi simple

L’augmentation du nombre de vols de voitures s’explique d’une bien simple façon, selon Jesse Caron, expert automobile chez CAA-Québec : le nombre de voitures dotées de clés intelligentes ne fait qu’augmenter. Aucun des 10 véhicules les plus volés au Québec en 2020 n’avait plus de quatre ans, indique d’ailleurs CAA-Québec.

Cet expert explique que les voleurs vont procéder d’une façon très simple, c’est-à-dire en utilisant un « amplificateur » de signal à proximité de la résidence de la victime, où les clés intelligentes sont souvent entreposées dans le portique. Un complice se tiendra alors non loin de la voiture ciblée, prêt à ouvrir la portière une fois le signal transmis à la voiture.

Une façon simple de se prémunir d’un tel vol est d’entreposer ses clés à l’intérieur d’un étui qui bloque les fréquences radio de type RFID.

Une version plus simple peut être de mettre les clés dans une boîte métallique dotée d’un couvercle, comme une boîte de thé, explique Jesse Caron. Le verrou de volant est aussi une bonne solution de rechange.

Le SPVM indique avoir déployé depuis 2021 des ressources supplémentaires en enquête sur les vols de véhicules à moteur. « Une équipe intégrée comptant différents services de police et dont nous faisons partie a été mise sur pied, également en 2021, pour unifier les efforts policiers dans le but de contrer le phénomène de la façon la plus efficace possible », ajoute le commandant Yannick Desmarais.

Et les autres vols

Outre les vols de véhicules, les Montréalais rapportent de plus en plus de vols depuis 2021. En effet, les vols simples et les vols qualifiés sont en hausse, de 26 % et de 18 % respectivement, toujours pour les trois premiers trimestres.

On note également une augmentation marquée des introductions par effraction dans la métropole, où 4616 évènements de ce type ont été répertoriés durant les neuf premiers mois de 2022, soit 27 % de plus que pour la même période en 2021.

Finalement, dans une autre catégorie, le nombre d’individus interceptés pour conduite avec les facultés affaiblies était lui aussi en hausse marquée l’an dernier par rapport aux neuf premiers mois de 2021 ; 758 conducteurs avaient été arrêtés après avoir trop bu cette année-là, contre 1040 en 2022, toujours durant les trois premiers trimestres de l’année.

Avec la collaboration de Pierre-André Normandin, La Presse