L’administration Plante a défendu mardi l’espacement de la collecte des ordures ménagères – un ramassage toutes les deux semaines – alors que cette mesure s’apprête à être appliquée dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM).

L’arrondissement de l’est de Montréal supprimera la moitié de ses collectes d’ordures d’ici la fin de l’année prochaine. Objectif : augmenter l’utilisation des bacs de compost et de recyclage, qui continueront d’être ramassés chaque semaine.

« C’est une mesure audacieuse qui fait sortir les élus, les citoyens et les équipes de leur zone de confort », a affirmé Marie-Andrée Mauger, élue responsable de l’environnement au sein de l’administration municipale. Elle a souligné que les dépotoirs utilisés par Montréal se remplissent rapidement et qu’il est urgent de réduire la quantité d’ordures envoyée chaque semaine à l’enfouissement.

« On voit les limites de la sensibilisation, a affirmé le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais. On doit changer nos habitudes. » Les deux élus se sont exprimés au conseil municipal.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a tenté de convaincre l’administration de continuer de ramasser les déchets de façon hebdomadaire pendant la saison chaude, de juin à septembre, afin de limiter les odeurs et la présence de vermine. L’équipe de Valérie Plante a rejeté l’idée. « La propreté est une question de dignité, a affirmé l’élue de l’opposition Alba Zuniga Ramos, qui représente justement un district de MHM. La transition écologique ne doit pas rimer avec saleté. »

« S’il y a un tel engouement de l’administration pour un tel projet, je les invite à montrer l’exemple, à aller de l’avant et à mettre en place le même projet dans leur arrondissement », a attaqué Julien Hénault-Ratelle, conseiller de la Ville de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, en citant les maires de Rosemont–La Petite-Patrie, de Verdun et du Plateau-Mont-Royal. « Quand ils vont avoir des centaines de plaintes de leurs citoyens, je doute qu’ils vont encore être en train de rire de la situation. »

Mme Zuniga Ramos et M. Hénault-Ratelle disent avoir reçu de nombreuses plaintes des citoyens de l’arrondissement qui ont participé à un projet-pilote, l’an dernier. Ce projet-pilote suggère que l’espacement des ramassages des ordures pourrait faire augmenter de 20 % l’utilisation des autres bacs de collecte.

L’industrie appelle au dialogue

Pour le directeur général du Conseil des entreprises en technologies environnementales du Québec (CETEQ), Kevin Morin, l’espacement des collectes doit être implanté « à la pièce ». « Ce n’est pas tout noir ou tout blanc. Il y a des arrondissements où les gens ont de gros bacs de tri des ordures et où c’est plus facile de patienter deux semaines. Mais dans d’autres secteurs, où ce sont davantage des petits bacs ou des sacs, c’est souvent plus difficile pour les résidants », dit-il.

« Dans ces secteurs, on voit que les gens finissent par envoyer des déchets souvent contaminés, parce que c’est plus facile pour eux. Sauf que ça se peut que ça contamine 100 % du bac, et dans le camion, contaminer encore plus de matières. C’est ça, l’enjeu premier », insiste M. Morin.

Selon lui, le projet-pilote tenu l’an dernier « confirme justement ces préoccupations qu’on voit sur le terrain ». « On invite les villes qui empruntent cette voie-là à s’asseoir avec l’industrie pour discuter de la faisabilité du projet, en fonction des secteurs qui sont visés. La clé est vraiment là », conclut le DG.

Le CETEQ représente approximativement 200 associations ou entreprises membres, dans l’industrie du tri des matières notamment. Ensemble, ces entreprises représentent 15 000 travailleurs, pour un chiffre d’affaires annuel de plus de 2,1 milliards de dollars.