Embauches difficiles, départs nombreux, effectifs insuffisants, patrouilleurs et enquêteurs à bout de souffle, violences armées qui perdurent, liens de confiance à rétablir avec les communautés ; les défis sont nombreux pour le nouveau chef du SPVM assermenté jeudi.

« Mes trois années névralgiques, ce sont 2023, 2024 et 2025. Il faut absolument que je trouve des solutions durant ces années-là », affirme Fady Dagher.

La solution à tous ces défis, croit-il, passe avant tout par la fin de l’hémorragie qui éclaircit les rangs du SPVM depuis quelques années.

« Je ne sais pas comment je serai capable de renflouer des rangs si rapidement, de donner un coup de main aux enquêtes et de faire une police de proximité et de concertation. Il va vraiment falloir que je règle avant tout le problème de recrutement », dit-il.

En 2022, plus de 242 policiers ont quitté le SPVM. Ainsi, 72 ont démissionné et 148 sont partis à la retraite.

« Une première cohorte de 72 policiers exclusifs à Montréal est [censée] arriver de l’École nationale de police du Québec (ENPQ) en avril. Mais on me dit que même ceux-ci, qui ont des promesses d’embauche, commencent à être approchés et que certains ont décidé d’aller ailleurs. Ils vont partir avant même d’être arrivés », déplore Fady Dagher.

Cette année, on a prévu embaucher 310 policiers, mais je ne suis même pas certain qu’on sera en mesure de le faire. Je ne suis pas certain non plus que l’on pourra retenir tous ceux embauchés et que 310 nouveaux policiers, ce sera assez.

Fady Dagher, nouveau chef du SPVM

Une tournée des cégeps

Fady Dagher entend se rendre à l’ENPQ et faire une tournée des cégeps pour convaincre les élèves de postuler à Montréal.

Il lance un appel particulier aux aspirants actuellement inscrits à l’ENPQ et invite les candidats qui auraient un parcours atypique.

« Des gens qui auraient des trajectoires et des expériences différentes, qui coïncident avec la réalité policière en 2023 et sont en lien avec la réalité montréalaise. Ils proviendraient d’un programme qui serait de 8 mois au cégep en plus des 15 semaines à Nicolet. Ce serait une avenue intéressante, mais je ne crois pas qu’elle va porter ses fruits en 2023 », affirme le nouveau chef du SPVM, qui ajoute « être en plein échange » avec la Ville de Montréal et le ministère de la Sécurité publique du Québec pour innover, faire les choses différemment et attirer des candidats, « car actuellement, on vit une hémorragie et je veux essayer de la diminuer, voire de la faire cesser, en 2023 ou 2024 », espère-t-il.

Un autre facteur d’attrait serait une hausse des salaires, qui fait l’objet de discussions dans l’actuelle négociation de la convention collective qu’il souhaite voir renouvelée avant l’été.

« Il y a d’autres irritants importants comme la ville qui coûte cher, les stationnements payants dans les postes de quartier, etc. Il faut que j’aborde tout ça avec la Ville. Il va falloir trouver une manière de mieux soutenir les policiers sur le terrain », dit-il.

Des équipes parallèles

« Il faut que je renfloue au niveau des ressources avant de commencer à parler de stratégie et de plan d’action », affirme Fady Dagher.

Sur le plan communautaire, il veut déjà établir des liens avec les « leaders » des différentes communautés, mais des programmes comme ceux mis en place sous son règne à la police de Longueuil attendront encore un peu et ne seront pas un copié-collé de ce qui s’est fait au SPAL s’ils sont adoptés à Montréal.

Quant aux violences armées, le nouveau chef affirme que toutes les sections et stratégies mises en place pour lutter contre le phénomène sont nécessaires.

Il a toutefois parlé, sans en dire davantage, d’« équipes parallèles » et de « renforts aux enquêtes qui pourraient être apportés par des partenariats externes ».

Fady Dagher dit également être en négociation avec « différentes sphères » pour donner de la « robustesse » aux différentes sections d’enquête du SPVM.

« Je vais m’occuper des enquêtes pour leur donner un coup de main, car j’ai vu qu’ils sont eux aussi essoufflés. On parle beaucoup des fusillades, mais tout le reste des enquêtes, la violence conjugale, la cybercriminalité, les agressions sexuelles, les enquêtes régionales, ça va prendre du renfort. Elles ne peuvent plus perdre de terrain », conclut-il.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.