Des bris et des fissures ont forcé l’évacuation préventive de 2000 élèves de l’école secondaire Félix-Leclerc à Repentigny, mardi matin. En mai 2022, le plus récent rapport sur la vétusté des écoles du ministère de l’Éducation lui attribuait une cote « D » (sur une échelle de A à E), avec un déficit de maintien d’actifs de 8,5 millions.

Les cours ont été suspendus toute la journée et ils le seront mercredi aussi, à tout le moins.

En matinée, le Service des incendies de Repentigny et des experts ont été appelés sur les lieux, en raison « de signes de faiblesse dans la structure et de fissures dans des blocs de béton », explique Jean-Marc Picotte, directeur adjoint du Service des incendies de Repentigny.

Il ajoute que les fissures étaient finalement davantage sur des éléments décoratifs, mais qu’en raison du bruit qui a été entendu et de travaux antérieurs qui ont déjà dû être faits, les élèves ont été évacués vers le complexe sportif attenant.

En après-midi, le centre de services scolaire des Affluents écrivait dans un communiqué que le problème viendrait d’une colonne « qui se serait affaissée d’environ un centimètre et qui aurait causé les fissures qui ont été observées sur certains murs de l’école ».

Malgré l’inquiétude suscitée par cette situation exceptionnelle, les experts nous confirment que l’état de la bâtisse est sécuritaire, qu’elle ne présente aucun risque et que les élèves et le personnel pourraient réintégrer l’école dès demain en toute sécurité.

Extrait du communiqué du centre de services scolaire des Affluents

Cependant, « compte tenu de certaines interventions déjà effectuées sur le bâtiment de l’école au cours des dernières années et afin d’obtenir l’avis d’une deuxième firme externe », le centre de services a demandé « une analyse complémentaire qui permettra de tracer un portrait complet de la situation ».

Jean-Louis Bray, président du syndicat de l’enseignement de la région des Moulins, dit avoir été surpris d’apprendre que c’est l’école Félix-Leclerc qui est en cause. « On en a des pas mal plus vieilles », a-t-il spontanément lancé.

Sébastien Pepin et sa conjointe Anne-Marie Boivin, eux, n’ont été aucunement étonnés par la nouvelle et encore moins que des problèmes de structures soient évoqués.

Dans les années 1990, ils fréquentaient tous deux cette école qui venait d’être construite « au beau milieu d’un champ de maïs », évoque Mme Boivin.

Deux ou trois fois par année, se souviennent-ils, l’école fermait plusieurs jours d’affilée parce que le champ, comme l’école, était inondé.

Des écoles vieilles ou insuffisamment réparées

L’école Félix-Leclerc n’est pas si vieille. Elle a été construite en 1992, mais elle a déjà une cote D.

En 2019, la vérificatrice générale écrivait que le déficit de maintien d’actifs des bâtiments scolaires s’établissait à près de 4,5 milliards de dollars. « Ce déficit est le deuxième en importance parmi les infrastructures gouvernementales, après celui du réseau routier. »

Un des problèmes ciblés par la vérificatrice générale, c’est que le ministère de l’Éducation « ne formule pas d’exigences en ce qui concerne les sommes consacrées à l’entretien des bâtiments et il ne demande pas aux commissions scolaires de lui rendre des comptes à ce sujet ».

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La vérificatrice générale du Québec, Guylaine Leclerc

Le manque d’investissements peut avoir des effets sur la durée de vie des composantes d’un bâtiment et faire que des travaux de maintien d’actifs devront être réalisés de façon précoce.

Guylaine Leclerc, vérificatrice générale du Québec, en 2019

Nombreux sont les élèves au Québec à payer le prix d’écoles inadéquates. À deux semaines de la rentrée 2020, une partie de l’école Sophie-Barat, à Montréal, a été condamnée parce que des problèmes de structure la rendaient dangereuse (des moisissures ayant été la grande préoccupation lors de la rentrée 2022).

Au centre de services scolaire de Montréal, entre 2021 et 2024, les élèves d’une quinzaine d’écoles – principalement primaires – doivent être déplacés, comme tant d’autres l’ont été ces dernières années, notamment dans Hochelaga-Maisonneuve.

En juin 2021, l’ex-ministre de l’Éducation Jean-François Roberge avait admis que l’état des bâtiments scolaires de la province est « un peu gênant », 54 % des bâtiments de l’ensemble des commissions scolaires étant considérés comme en mauvais état ou en très mauvais état, selon l’indice d’état gouvernemental.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, n’était pas disponible pour une entrevue, a fait savoir son cabinet, qui indique qu’« il s’agit d’une situation préoccupante que nous suivons de près ».