Entre 20 et 30 % des policiers montréalais sont absents de leur poste à cause d’un congé de maladie ou d’une blessure, une des raisons qui explique que les heures supplémentaires soient toujours aussi fréquentes au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

« Ce taux d’absentéisme s’ajoute aux 250 à 300 postes vacants. Cela a une incidence directe sur le temps supplémentaire, parce que des policiers sont ramenés en devoir et sont payés de 150 % à 200 % » de leur salaire, a expliqué la directrice par intérim du SPVM, Sophie Roy, devant la Commission des finances de la Ville de Montréal, mardi.

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Alain Vaillancourt, s’est dit inquiet du taux élevé d’absentéisme et affirme qu’on cherche des solutions pour améliorer la situation.

Plus de 61 millions en heures supplémentaires ont été payés aux policiers en 2022, alors que le montant anticipé pour cette dépense était de 28 millions, révèlent les documents financiers dévoilés la semaine dernière à la suite de la présentation du budget municipal.

Dans le budget 2023 de la Ville, le financement du SPVM est en hausse de 63 millions, soit un peu plus de 8 %, pour atteindre 787,1 millions. C’est le poste de dépenses le plus important pour Montréal.

Lisez « Budget municipal 2023 : les heures supplémentaires plombent le budget du SPVM »

Si l’on en croit Mme Roy, les contribuables n’ont pas fini de payer des heures supplémentaires aux policiers. « Le temps supplémentaire fait partie intégrante de la réalité policière, a-t-elle affirmé. Il y a toujours des choses qu’on ne réussit pas à prédire d’avance, comme des enquêtes complexes, des manifestations ou d’autres évènements. »

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

La directrice par intérim du SPVM, Sophie Roy

Alain Vaillancourt fait remarquer que les agents du SPVM assurent chaque année le service d’ordre pour 1800 évènements, en plus d’encadrer de 600 à 800 manifestations.

Est-ce que l’administration municipale envisage de confier certaines tâches à des non-policiers, par exemple la gestion des feux de circulation à certaines intersections ? « On regarde tous les éléments qui peuvent améliorer le travail des policiers », répond M. Vaillancourt.

L’ajout de policiers – la Ville de Montréal a reçu 250 millions de Québec pour embaucher 270 agents – permettra de réduire les heures supplémentaires, assure-t-il.

Mme Roy a toutefois révélé que de 140 à 180 policiers partiront à la retraite chaque année d’ici 2027. À la fin de 2022, le SPVM aura 4521 agents en poste, alors qu’on vise 4793 d’ici 2025.

Alors que les candidats ne se bousculent pas au portillon, les nouvelles embauches suffiront-elles à pourvoir les postes vacants et les départs à la retraite, tout en permettant un ajout net du nombre de policiers ? Sophie Roy n’a pas répondu à cette question et a refusé la demande d’entrevue de La Presse.

Au sujet des temps de réponse, qui sont maintenant de 6 minutes 11 secondes, comparativement à 5 minutes 35 secondes il y a six ans, la cheffe de police par intérim affirme qu’il ne faut pas s’inquiéter : ces délais sont de 15 à 20 minutes à Toronto et de 10 minutes à Vancouver, a-t-elle avancé.

Les chantiers routiers et la congestion peuvent retarder les déplacements des policiers, a-t-elle admis, mais la mise en service, d’ici quelques années, d’un nouveau système d’appels 911 permettra d’améliorer la réponse aux urgences en fonction de la proximité des voitures de patrouille.

Sophie Roy quittera la direction par intérim du SPVM à la fin de l’année, à la suite du choix de Fady Dagher comme nouveau chef de police.