Laval augmentera la facture de taxes foncières de ses résidents l’an prochain, de 4,8 % pour les propriétaires de maisons unifamiliales et de 3,6 % pour les propriétaires de copropriétés, en déposant un budget qui dépasse pour la première fois le milliard de dollars.

L’administration du maire Stéphane Boyer a annoncé que la hausse était de 2,9 %, mais que les tarifs destinés à financer les services de l’eau et le transport collectif augmentaient en plus de 46 $ par propriété, soit 13,3 %.

Le compte de taxes pour une maison unifamiliale moyenne de 440 742 $ atteindra donc 3380 $, en hausse de 155 $, tandis que pour un condo de 310 308 $, le propriétaire paiera 2529 $, en hausse de 87 $.

Stéphane Boyer insiste sur le fait que les revenus municipaux sont en croissance de 8,7 %, grâce au développement économique de Laval, mais que son administration a réussi à contenir la hausse des dépenses à 4,3 %, malgré l’inflation galopante et la hausse des coûts de construction qui peuvent atteindre 30 %.

Moins d’embauches

« La masse salariale est la plus importante dépense d’une ville. Nous avons donc limité les embauches », explique le maire. Laval, ville en croissance, embauchait habituellement entre 150 et 250 personnes par année, mais seulement 59 employés s’ajouteront en 2023.

L’administration a également demandé à chaque service de faire un exercice de rationalisation de ses dépenses, pour tenter d’absorber les hausses de prix dues à l’inflation, en plus de limiter les nouveaux projets. Les seuls projets autorisés sont en lien avec les trois grandes priorités de la Ville : la sécurité publique, l’habitation et l’environnement.

Le budget prévoit notamment des investissements supplémentaires dans la police (+2,5 millions), dans le communautaire (+5,9 millions) et pour créer du logement abordable (+7 millions).

Laval imposera par ailleurs une nouvelle taxe annuelle de 100 $ aux résidences qui se chauffent au mazout, une mesure d’écofiscalité qui vise à réduire de moitié ce type de système de chauffage d’ici 2025, pour une diminution potentielle de 35 000 tonnes de CO2 par année rejetées dans l’atmosphère, soit l’équivalent de retirer 4600 véhicules des routes.

Les terrains vagues doublement taxés

La Ville a aussi décidé d’imposer les terrains vagues desservis par les services municipaux au double du taux de taxation de base, une mesure qui lui rapportera 5,1 millions de plus. Ces fonds serviront à financer des programmes d’habitation, explique Stéphane Boyer.

« On a beaucoup de terrains vagues le long des grands boulevards, qui appartiennent souvent à des fonds d’investissement immobilier qui ne font rien avec », déplore-t-il, ajoutant que la loi permet aux villes de leur imposer un taux de taxation deux fois plus élevé que le taux de base.

Le principal parti d’opposition à l’hôtel de ville de Laval a réagi négativement au dévoilement du budget. Action Laval dénonce un budget qui « passe à côté des priorités des citoyens tout en oubliant leur réalité économique ».

« Il n’y a toujours aucun nouvel investissement pour des infrastructures sportives ou culturelles dans les districts. C’est pourtant ce que les citoyens demandent », a déploré, dans un communiqué, le conseiller municipal du secteur Saint-Bruno, David De Cotis.

« La ville de Laval est la plus démunie en termes d’arénas et de piscines intérieures publiques au Québec. Les Lavalloises et Lavallois sont forcés de se tourner vers le privé ou d’aller dans d’autres municipalités comme Montréal, Terrebonne ou Saint-Eustache », soutient aussi Claude Larochelle, chef par intérim de Parti Laval, deuxième opposition à l’hôtel de ville, ajoutant que des investissements étaient nécessaires pour l’entretien des rues, dont 17 % sont en mauvais état, selon la vérificatrice générale de la Ville.