Le processus de construction d’un nouveau centre de tri des matières recyclables dans l’est de Montréal se met en branle, à deux ans de l’entrée en vigueur de la réforme de la collecte sélective et de la fermeture du désuet centre de tri de Saint-Michel.

Un « appel à la qualification » pour la construction de cette infrastructure sera lancé ce jeudi par Éco Entreprises Québec (EEQ), à qui a été confiée en octobre la gestion du système de collecte sélective réformé⁠1, qui entrera en vigueur en décembre 2024.

L’organisme à but non lucratif représente les entreprises qui mettent sur le marché québécois des contenants, emballages et imprimés et qui devront, avec la réforme, en assurer la récupération et le recyclage.

Si EEQ s’attaque en premier lieu à la construction d’un nouveau centre de tri dans la métropole, c’est parce que « Montréal a des besoins très urgents », a expliqué en entrevue à La Presse Maryse Vermette, présidente-directrice générale de l’organisme.

L’actuel centre de tri du Complexe environnemental de Saint-Michel, qui traite les matières recyclables de l’est de l’île de Montréal, est « en fin de vie » et il est exclu de prolonger son exploitation au-delà du contrat actuel, qui arrivera à échéance à l’automne 2024, indique-t-elle.

C’est un centre de tri du XXsiècle. Là, on est au XXIsiècle et on a besoin d’un centre de tri moderne.

Maryse Vermette, présidente-directrice générale d’Éco Entreprises Québec

Le délai est serré, c’est pourquoi EEQ cherche un « répondant » ayant la capacité de financer, construire et exploiter un centre de tri possédant déjà, ou louant à long terme, un terrain dans l’est de Montréal dont le zonage permet un tel type d’usage.

« On va aussi préparer un plan de mitigation pour s’assurer qu’il n’y ait pas de bris de service à l’automne 2024 », indique Mme Vermette, ajoutant que des centres de tri ont récemment été construits en 24 mois aux États-Unis et en Europe.

Les entreprises doivent se manifester d’ici le 9 décembre pour recevoir le document d’appel de qualification, puis auront jusqu’au 10 janvier pour soumettre leur candidature. EEQ invitera ensuite les entreprises qualifiées à soumettre une proposition.

Quiconque aurait été déclaré inadmissible aux contrats de la Ville de Montréal ne peut soumettre de proposition, ce qui exclut d’emblée l’entreprise Ricova, qui gère actuellement le centre de tri de Saint-Michel et que la Ville a placé sur sa « liste noire », en juin.

Sur les rives nord et sud

D’autres centres de tri devront aussi être construits rapidement dans la région de Montréal, sur la Rive-Nord et sur la Rive-Sud.

« On a vraiment atteint la capacité limite [des installations actuelles], on a des enjeux à très court terme », indique Maryse Vermette.

De nouveaux centres de tri seront aussi requis ailleurs au Québec à moyen terme, d’ici quatre à cinq ans, estime EEQ, qui prévoit que la réforme de la collecte sélective entraînera une augmentation des matières recyclables en raison de la récupération accrue dans les industries, les commerces et les institutions.

Cette augmentation sera en partie amortie par l’autre réforme du gouvernement Legault, celle de la consigne sur les contenants de boisson, qui les fera essentiellement disparaître des bacs de récupération.

La collecte pêle-mêle remise en question

Le mode de collecte pêle-mêle, où tout est mis dans le même bac de récupération, pourrait être revu dans la foulée de la réforme de la collecte sélective.

« On est en réflexion par rapport au verre », affirme Maryse Vermette.

« C’est vraiment une matière qui a toujours été difficile à gérer en centre de tri », dit-elle, expliquant que les solutions développées requièrent un gros volume pour être rentabilisées, et ce volume diminuera considérablement avec la réforme de la consigne.

Un tri séparé des contenants en verre qui ne seront pas consignés, comme les pots de confiture, de marinade ou de condiments, pourrait ainsi être envisagé.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

« On souhaite faire des projets-pilotes, c’est une bonne façon de tester [de nouvelles approches] », indique Mme Vermette.

D’autres matières difficilement recyclables, elles, pourraient carrément disparaître.

« On doit s’assurer que ce que mettent en marché nos entreprises soit récupéré et recyclé, avec des objectifs très ambitieux, alors il faut être ouvert au changement », dit Mme Vermette, qui voit dans la réforme une forte incitation à l’écoconception.

« La meilleure incitation, c’est de responsabiliser, dit-elle. On va vraiment s’efforcer de faire en sorte que les entreprises qu’on représente mettent en marché des contenants qui soient recyclables, qui puissent être gérés. »

1. Lisez « Un pas de plus pour les réformes de la consigne et de la collecte sélective »
En savoir plus
  • 150 000
    Tonnes de matières recyclables que pourra traiter annuellement le futur centre de tri de l’est de Montréal
    source : Éco Entreprises Québec
    993 000
    Tonnes de matières recyclables reçues par les centres de tri du Québec en 2018 (données les plus récentes disponibles)
    source : Recyc-Québec