Les taxes municipales résidentielles des Montréalais augmenteront en moyenne de 4,1 % en 2023, pour financer un budget municipal qui croîtra un peu plus rapidement que l’inflation prévue.

Il s’agit de la hausse de taxes la plus importante depuis 2011 et le règne de Gérald Tremblay.

« On a voulu protéger au maximum le portefeuille des Montréalaises et des Montréalais », a affirmé la mairesse Valérie Plante dans son discours. Elle a fait valoir que la Ville acceptait « d’absorber le choc » inflationniste de 2022, après un gel de taxes en 2021.

« C’est une année économique qui est particulière et qui est marquée par deux réalités avec lesquelles on a bâti le budget, a dit la mairesse. La première, c’est l’inflation qui crée beaucoup d’insécurité dans la population, mais aussi chez les commerçantes et les commerçants. […] La deuxième réalité qu’on a prise en considération, c’est que somme toute, l’économie de Montréal va bien. » Son bras droit, Dominique Ollivier, a dirigé l’élaboration du budget. Elle a dit l’avoir préparé avec son cœur et avec sa tête.

Le budget 2023 atteint 6,76 milliards, a-t-elle ajouté. La Ville prévoit dépenser 300 millions de plus et embaucher 650 employés supplémentaires – dont 123 policiers.

L’administration Plante compte notamment investir des centaines de millions dans son usine d’épuration des eaux usées, dans la transformation d’artères routières importantes et dans l’achat de terrains pour construire des logements abordables. Par ailleurs, la Ville signera un chèque annuel de 40 millions pour que les aînés puissent prendre les transports en commun gratuitement à partir de juin prochain.

Le budget de la police augmentera aussi de façon marquée, pour s’établir à près de 9 % de plus qu’en 2022, essentiellement grâce à un transfert de Québec afin de contrer la violence armée. Plusieurs dizaines de policiers devraient être embauchés.

« On continue d’investir de façon importante et responsable », a plaidé Mme Plante. « La Ville a fait tout en son pouvoir pour limiter l’augmentation du fardeau fiscal, tout en continuant à offrir des services de qualité à la population. »

La dette de la Ville de Montréal (incluant celle de la Société de transport de Montréal) va s’approcher des 13 milliards l’an prochain ; 17,6 % du budget de Montréal y est consacré.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville a critiqué le travail de l’administration, plaidant que le moment était mal choisi pour augmenter la taille de l’administration municipale. « La mairesse nous arrive encore une fois avec un budget dépensier, a déploré le chef de l’opposition, Aref Salem. Il y a une malgérance au niveau de ce budget, il y a une malgérance au niveau de l’administration. » Les maires de villes défusionnées ont eux aussi critiqué le budget parce qu’ils estiment payer davantage que leur part pour le budget d’agglomération.

164 $ de plus en moyenne

Pour la résidence montréalaise moyenne, d’une valeur de 568 000 $, la facture foncière de 2023 augmentera de 164 $.

Les hausses varient cependant d’un arrondissement à l’autre, notamment en raison des variations dans les augmentations de valeur foncière des propriétés. Par exemple, la facture sera gonflée de 6 % pour les citoyens de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, de 5,7 % pour Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et de 5,4 % pour Pierrefonds-Roxboro. À l’autre bout du spectre, la hausse moyenne sera de seulement 1,7 % dans Ville-Marie.

L’augmentation du compte de taxes dépend aussi du type de résidence : pour une maison unifamiliale, le bond est de 5 %, tandis qu’il est de 2,7 % pour les condos, de 4,5 % pour les plex et de 4,3 % pour les immeubles de six logements ou plus.

Côté commercial, la hausse des taxes foncières est limitée à 2,9 % en moyenne. Depuis des années, la Ville tente de rééquilibrer le fardeau fiscal entre propriétaires de résidences et propriétaires de commerces, qui paient significativement plus. Mais les disparités sont importantes d’un arrondissement à l’autre. La hausse est de 15,2 % à Lachine et de 11,2 % à Saint-Laurent, tandis que dans Ville-Marie, on observe une baisse de 2,7 %, un effet de la pandémie sur la valeur des grandes tours de bureaux du centre-ville.

Au total, les hausses de taxes rapporteront 118 millions dans les goussets municipaux.

La hausse de 32,4 % des évaluations foncières annoncée cet automne avait inquiété beaucoup de Montréalais. Mais la hausse de la valeur des immeubles n’a pas d’impact direct sur les taxes municipales, puisque Montréal diminue son taux de taxe d’année en année pour mitiger l’impact sur les citoyens. De plus, l’augmentation des valeurs foncières est étalée sur les trois prochaines années.

Deux nouvelles taxes commerciales

Les dépenses les plus importantes de l’administration Plante sont la sécurité publique, qui accapare 18,4 % du budget, et le service de la dette, qui compte pour 17,6 %.

Les 300 millions en dépenses qui s’ajoutent pour 2023 vont notamment à la sécurité urbaine (100 millions), au paiement de la dette (87 millions) et au paiement comptant d’immobilisations (107 millions).

Les fonds servant à financer l’augmentation des dépenses pour la sécurité publique proviendront notamment du gouvernement du Québec, qui a accordé à Montréal 250 millions sur cinq ans pour lutter contre la violence armée. « Dans un contexte où les responsabilités de la métropole vont bien au-delà de ses revenus, il est plus que jamais essentiel d’identifier de nouvelles sources de financement, a fait valoir la mairesse Plante. À cet égard, un renouvellement de l’entente de partenariat financier avec le gouvernement du Québec est nécessaire afin que Montréal puisse continuer de répondre aux besoins de sa population. »

En attendant cette réforme souhaitée, deux nouvelles taxes sont créées pour la prochaine année : une taxe sur les stationnements de plus de 20 000 mètres carrés, avec pour but d’inciter les propriétaires à développer ces terrains, et une tarification de l’eau pour les grands consommateurs commerciaux.

Les autres augmentations de revenus qui permettent à Montréal de financer la hausse de son budget sont la croissance immobilière (+ 40 millions), les tarifs de stationnement (+ 20,9 millions), les droits de mutation (+ 15 millions) et les fonds reçus de Québec pour le programme d’habitations abordables (+ 16 millions).