Montréal fait la part belle au développement du transport collectif, mais aussi à l’entretien des infrastructures routières. D’ici 2032, la Ville compte investir 6,4 milliards dans son réseau routier et cyclable. Elle compte d’ailleurs accélérer le développement du Réseau express vélo (REV), en plus de mettre en branle de nouvelles sources de taxation finançant la mobilité durable.

Environ 4,2 milliards iront dans la « protection de l’actif » routier et 2,2 milliards dans le « développement » de nouvelles infrastructures, révèle le Programme décennal d’immobilisations (PDI) 2023-2032 de la Ville.

Plus de 58 % de ces investissements – environ 3,7 milliards – seront consacrés « à la protection des actifs relatifs aux chemins, rues, routes et trottoirs », dont 880 millions seulement pour le planage visant à éviter une « prolifération » des nids-de-poule. Quelque 158 millions iront dans la « Vision zéro » pour réduire le nombre d’accidents mortels.

Strictement sur le réseau routier, ce sont 5,9 milliards qui seront investis d’ici 2032, une forte hausse par rapport aux 4,8 milliards du dernier Programme décennal d’immobilisations (PDI). Montréal est donc plus que jamais en chantier. En date de mai 2022, on comptait d’ailleurs 63 chantiers de 5 millions et plus qui étaient en cours sur l’île de Montréal, pour un total de 22 milliards.

Le réseau routier est sous tension, il est à pleine capacité. Et nécessairement, le fait qu’on n’ait pas investi dans le transport collectif d’année en année comme ça aurait dû être fait, […] ça fait en sorte qu’on est en mode rattrapage.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Plusieurs grands projets en cours composent les dépenses majeures de la prochaine décennie, dont le complexe de l’échangeur Turcot (131 millions), les travaux sur l’autoroute Métropolitaine (44 millions), le réaménagement de la rue Jean-Talon Est en vue du prolongement de la ligne bleue (132 millions) ou le prolongement du boulevard de L’Assomption et de l’avenue Souligny (104 millions).

D’autres secteurs en redéveloppement, comme le raccordement du boulevard Cavendish (434 millions) ou encore le secteur Bridge-Bonaventure (163 millions), pèsent aussi lourd sur les finances. Les travaux entourant le campus MIL demanderont également 122 millions dans la prochaine décennie. À plus court terme, ce sont au total 476 millions qui seront dépensés dès 2023 dans le réseau routier. Il s’agit là aussi d’un bond significatif par rapport aux trois dernières années, marquées par la situation pandémique.

Zoom sur le transport collectif

Le transport collectif regroupe cette année près de 10 % des dépenses de la Ville, qui allongera près de 20 millions en plus seulement cette année. Montréal a déjà annoncé qu’elle rendra l’usage du transport collectif gratuit pour les 65 ans et plus dès juillet 2023, une mesure qui coûtera 40 millions annuellement.

Sans surprise, trois grands projets constituent le gros des dépenses de la Ville : le Réseau express métropolitain (REM), dont le segment ouest coûtera 133 millions en aménagements d’ici 10 ans, le prolongement de la ligne bleue, pour lequel Montréal évalue sa participation globale à environ 68 millions, et le Service rapide par bus (SRB) Pie-IX. Inauguré au début du mois de novembre, ce dernier forcera néanmoins des dépenses d’encore presque 35 millions jusqu’en 2025.

Aucune mention n’est faite du « REM de l’Est » dans le budget, si ce n’est que de la volonté de la Ville d’amorcer « les réflexions en vue de développer un axe de transport structurant pour l’est ». On souhaite également réaliser une « étude d’opportunité pour l’implantation d’un mode de transport collectif dans le secteur Grand Sud-Ouest » ; autrement dit, le tracé de la ligne rose.

L’administration Plante, qui espère hausser de 15 % le nombre de cyclistes en trois ans, réservera par ailleurs 507 millions d’ici 2032 au développement du réseau cyclable. La majorité de cette enveloppe, soit 300 millions, ira à « l’accélération » de la mise sur pied du Réseau express vélo (REV). Plusieurs axes de ce dernier sont toujours en développement, dont Henri-Bourassa et Saint-Antoine-Saint-Jacques.

Outre 100 millions pour le « maintien » des pistes cyclables actuelles et 91,7 millions pour la « Véloroute » métropolitaine, la Ville injectera aussi 15,4 millions supplémentaires dans le service de vélo-partage de BIXI. Montréal projette d’ajouter 100 vélos électriques et 36 stations en plus dès l’an prochain.

Taxe élargie sur le stationnement

Le territoire d’application de la taxe sur les parcs de stationnement sera par ailleurs élargi dès l’an prochain pour mieux financer le transport collectif. On y inclura ainsi « l’ensemble des stationnements extérieurs dans les immeubles non résidentiels » dont la superficie est supérieure à 20 000 mètres carrés.

Outre les revenus supplémentaires – on estime être en mesure de dégager jusqu’à 5 millions de plus annuellement avec cette mesure – Montréal dit surtout vouloir « inciter les propriétaires » de stationnements extérieurs « à mener une réflexion sur l’utilisation de leurs terrains » en ville. Avec cet ajout, la taxe sur les parcs de stationnement devrait rapporter près de 27 millions à la Ville, en 2023.

Enfin, la contribution de la Ville à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) sera en hausse de 32 millions l’an prochain, la mise en service du REM forçant un rééquilibrage. La Ville paiera toutefois 12 millions de moins au programme de la Société de financement des infrastructures locales (SOFIL), en raison d’une « baisse de la cadence » des investissements admissibles de la STM.